Pari réussi pour l'Algérie qui est arrivée à réaliser un accord historique. La réunion informelle s'est transformée en réunion formelle, selon Boutarfa. Les pays producteurs de pétrole de l'Opep ont annoncé dans la soirée d'hier un accord de principe sur une limitation de leur production. Réunis de manière informelle à Alger, les pays producteurs de pétrole sont donc parvenus à s'entendre sur une limitation de l'offre. Lors d'un point de presse organisé à l'issue de la réunion, le ministre qatari de l'Energie a annoncé que les pays membres sont arrivés à un accord pour réduire la production d'or noir à un niveau compris entre 32,5 et 33 millions de barils/jour. On annonce également la mise en place d'un comité technique qui, lui, se chargera d'étudier les quotas de chaque pays d'ici à la prochaine réunion prévue à Vienne et cela pour accélérer l'équilibrage du marché. La réunion a aussi réaffirmé la nécessité de mener un dialogue constructif avec les pays non-membres de l'Opep. À la sortie de la réunion, le ministre du Pétrole iranien, Bijan Zanganeh, a déclaré que "l'Opep a pris une décision exceptionnelle aujourd'hui (...) après deux ans et demi, l'Opep a atteint un consensus pour piloter le marché". Cette décision qualifiée d'historique par les pays de l'Opep a été dure à se dessiner. Durant plus de six heures, plusieurs scénarios ont été étudiés. Accosté lors d'une pause faite par les participants à la réunion, un expert pétrolier koweïtien nous a indiqué que le fait que la réunion dure dans le temps est un signe positif. Il s'est, néanmoins, refusé à tout commentaire sur la teneur des discussions. Surtout que selon les premières données, l'Algérie a proposé une réduction de la production globale de 796 000 barils/jour. Selon un document vu par Bloomberg, la proposition de l'Algérie inclut une réduction de 442 000 barils/jour de la production saoudienne. La proposition algérienne fixe ainsi la production de l'Arabie saoudite à 10,1 millions de barils/jour, et celle de l'Iran à 3,7 millions de barils/jour. Outre l'Iran et l'Arabie saoudite, l'Algérie propose des réductions de 135 000 barils/jour pour l'Irak, 155 000 barils/jour pour les Emirats arabes unis. Ces fuites indiquent qu'il y aurait un accord à l'issue de la réunion d'Alger, mais les détails seront pour la réunion ordinaire de novembre à Vienne. Le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, a confirmé en ouverture des débats que la réunion informelle de l'Opep était consultative, tout en espérant des progrès vers une stabilisation du marché pétrolier. Pour lui, cette réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) n'est pas seulement une nécessité à court terme mais elle revêt aussi un caractère vital pour la stabilité du marché pétrolier à long terme qui souffre de la faiblesse des prix. Le ministre a également estimé vital pour les 14 membres de l'organisation pétrolière de quitter cette réunion avec un message positif et prometteur alors que des désaccords entre l'Arabie saoudite et l'Iran ont fait s'évanouir la possibilité d'un accord sur un gel de la production d'or noir. La recherche d'un accord pour soutenir les cours était entravée principalement par les divergences de vues entre l'Arabie saoudite et l'Iran. En effet, dès mardi matin à l'ouverture du 15e Forum international de l'énergie, les divergences au sein de l'Opep avaient douché les espoirs d'un consensus sur la démarche à suivre. Plusieurs pays producteurs fortement dépendants des revenus pétroliers plaident pour un gel de la production, mais certains gros producteurs s'y opposent, comme l'Iran. De fortes divergences de vues notamment entre l'Iran et l'Arabie saoudite, deux grandes puissances rivales du Moyen-Orient, présageaient d'un blocage, comme cela avait déjà été le cas à Doha en avril. Atteindre un accord en deux jours ne figure pas sur notre agenda, a déclaré le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh. Nous avons besoin de temps pour de plus amples consultations, a-t-il dit, avant d'ajouter qu'un accord pourrait éventuellement être trouvé lors de la réunion de l'Opep le 30 novembre à Vienne. La possibilité d'un consensus s'est lézardée un peu plus après les déclarations du Nigeria, géant pétrolier d'Afrique, qui a dit souhaiter être exonéré d'un éventuel gel de la production en cas d'accord. Nous avons besoin d'argent, a plaidé Emmanuel Ibe Kachikwu, le secrétaire d'Etat nigérian pour le Pétrole. L'Arabie saoudite a, pour sa part, aussi, soufflé le chaud et le froid. Le ministre saoudien, Khaled al-Faleh, après avoir déclaré que son pays n'avait pas réellement besoin d'un accord et qu'il demeurait optimiste sur la base des fondamentaux du marché qui prennent la bonne direction, avait proposé, mardi soir, de revenir à sa production du mois de janvier, soit une baisse de 500 000 bj à la condition que Téhéran gèle la sienne. La proposition de Riyad englobait aussi le fait de dispenser de l'accord le Nigeria, la Libye et l'Iran à condition que cette dernière plafonne sa production à 3,6 mbj. En faisant cette proposition, Riyad semblait jeter la pierre dans le camp de l'Iran qui répétait vouloir avant tout rétablir ses niveaux de production antérieurs aux sanctions internationales liées à son programme nucléaire. Son ministre a déclaré que son pays n'était pas prêt à geler sa production, affirmant que son objectif de production était de 4 millions de barils/jour (mbj), contre 3,6 à 3,8 mbj actuellement. Au final, la raison a prévalu. Saïd Smati