Vendredi, la capitale tunisienne a été quadrillée par les forces de sécurité qui ont eu recours aux méthodes musclées pour empêcher tout regroupement des manifestants. Mme Radhia Nasraoui et Mme Oum Ziad, militantes des droits de l'Homme, ont été sérieusement maltraitées par les policiers, dans une rue de Tunis, lorsqu'elles ont tenté de manifester contre l'invitation adressée par Zine Al-Abidine Ben Ali au Chef du gouvernement israélien à visiter la Tunisie. Elles étaient en compagnie de Maya Jéribi et Mehdi Mabrouk, deux dirigeants du Parti démocratique progressiste, quand elles ont été agressées par les forces de sécurité. Six personnes ont été blessées au cours de l'opération de répression, dont l'avocate Radhia Nasraoui, grièvement touchée à la tête, après qu'elle eut été battue par les policiers, selon un communiqué du Parti démocratique progressiste. Aucune réaction officielle n'est venue confirmer ces incidents. L'opposant Hama Hammami, époux de Radhia Nasraoui, a affirmé que cette dernière était soignée dans une clinique, près de Tunis, pour des “fractures et des blessures au niveau de l'œil droit”. “On a interdit un rassemblement pacifique, mais on ne pourra pas nous empêcher de dire non à Sharon, non à l'humiliation des Tunisiens”, a déclaré Maya Jéribi, du PDP, aux agences de presse internationales. Un communiqué de cette formation politique fait également état de l'arrestation de huit personnes, dont l'enseignant universitaire Hassan Al-Kassar. Toutes les tentatives de braver l'impressionnant dispositif sécuritaire, mis spécialement en place à cette occasion, ont été réduites à néant. Le centre de la capitale tunisienne était quasiment inaccessible au public, en raison de la forte concentration des agents de police dans les rues adjacentes, qui refoulaient toute tentative de manifestation. Outre un nombre impressionnant de policiers en tenue, les brigades anti-émeutes ainsi que des agents en civil ont été déployés dans les principales artères de la capitale. Cet extraordinaire dispositif n'a pas dissuadé les organisateurs de braver l'interdiction du rassemblement notifiée par le pouvoir. Ainsi, de petits groupes ont réussi à se former dans des ruelles latérales, particulièrement près du siège de l'Union générale des travailleurs tunisiens (Ugtt). Sept villes tunisiennes ont connu des manifestations estudiantines, qui ont été sauvagement réprimées, comme en témoignent les nombreuses arrestations parmi les étudiants, à en croire le communiqué du collectif organisateur. Certaines personnes arrêtées ont été différées devant la justice, à Sfax. Le Conseil de l'ordre des avocats s'est également mis de la partie, en appelant à une grève, pour le 9 mars prochain. À signaler, enfin, l'incarcération, mercredi soir, de l'avocat et défenseur des droits de l'Homme, Mohamed Abou, auteur d'un brûlot sur internet à l'endroit de l'invitation adressée à Ariel Sharon par Zine Al-Abidine Ben Ali. Les autorités justifient, toutefois, cette arrestation par une prétendue agression, dont Me Abou se serait rendu coupable sur une de ses consœurs, qui aurait porté plainte. À voir les charges retenues contre lui, il risque “une lourde peine, pouvant aller de 10 à 15 ans de prison”, selon Me Chawki Tabib. K. A.