Les travailleurs refusent de reprendre le service et exigent une réponse "sérieuse" à leurs doléances de la part du premier responsable de la société. Les grévistes de la Société d'exploitation et de maintenance du tramway (Setram) ne sont pas près de reprendre le travail. Le tramway sera encore paralysé aujourd'hui. Et pour cause : la direction générale de la Setram refuse de répondre, en l'absence du P-DG qui serait en vacances en Jordanie, aux revendications des travailleurs. Hier, les travailleurs grévistes occupaient toujours le siège de l'unité de maintenance et celui de la direction générale à Bordj El-Kiffan. Sur place, les quelques travailleurs qui ont accepté de répondre aux questions des journalistes, évoquent, à l'unanimité, "le ras-le-bol" des travailleurs. Ils ont indiqué que la direction générale "n'a jamais tenu ses promesses", de ce fait "seul un mouvement d'une telle ampleur leur fera changer d'avis". Conducteurs, contrôleurs, agents de sécurité se sont entendus pour qu'aucune reprise du travail ne sefasse sans le règlement des problèmes soulevés dans une plateforme de revendications de tout le collectif des travailleurs. Contacté par téléphone, un délégué des travailleurs a affirmé qu'une réunion s'est tenue, hier, à la mi-journée avec un responsable à la direction générale. Notre interlocuteur craint que cette réunion "ne serve pas à grand-chose", du fait, a-t-il dit, que "le responsable rencontré n'a pas de prérogatives pour prendre des décisions". Il a ajouté que la réunion avec le responsable "n'est qu'une manière de leurrer les grévistes". Plus clairement, il a expliqué que "seul le P-DG pourra s'engager avec les travailleurs, et toute autre personne ne fera que transmettre nos doléances". Ce que les travailleurs refusent, car ils exigent une réponse "sérieuse" à leurs doléances de la part du premier responsable de la société. Parmi les revendications, notre interlocuteur cite, entre autres, la signature de la convention collective, la mise sur pied d'un comité de participation, la révision de la grille des salaires, le versement des rappels qui datent de 2012, l'interdiction de tout licenciement abusif, la sécurité sur leurs lieux de travail... Nous apprenons, par ailleurs, d'une autre source, que la direction de la Setram, composée essentiellement de Français en charge de l'exploitation des tramways en Algérie pour une durée de dix ans, compterait appeler à la rescousse des conducteurs de sa filiale d'Oran et de Constantine. Une décision qui ne manquerait pas de susciter encore davantage l'ire des travailleurs grévistes qui dénoncent "une volonté de briser l'action des travailleurs" et surtout "la mise en danger de la vie des voyageurs". Un conducteur a affirmé que les conducteurs oranais et constantinois qui seraient contactés par la direction générale "sont toujours en période de stage". Cela dit, "il leur sera difficile d'assumer une telle responsabilité en cas d'accident". Ce conducteur a expliqué que la Setram n'est intéressée que "par les rotations du tram et non pas par la santé financière de l'entreprise ou les conditions de travail du personnel". Il a expliqué que la société d'exploitation "est payée tant que le tram est opérationnel et tant que les navettes sont assurées". À souligner que le deuxième jour de la grève du tramway n'a pas causé autant de désagréments aux voyageurs que la journée de mardi - premier jour de grève - vu qu'hier était une journée fériée. Mohamed Mouloudj