Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, vient de s'exprimer sur la question des factures "salées" au Sud, notamment pendant la période estivale. Dans une déclaration à la presse, faite jeudi en marge d'une séance plénière consacrée aux questions orales, le ministre a annoncé la création d'une "commission restreinte" qui sera chargée d'examiner la possibilité de diminuer les factures d'électricité, dans cette région du pays. Il a soutenu, dans ce cadre, que "les préoccupations" des populations du Sud, concernant la hausse des factures d'électricité, particulièrement durant l'été, ont été entendues par son département et par l'Exécutif. "Cette préoccupation a été prise en compte dans le cadre de l'action gouvernementale, et sur instruction du Premier ministre, une commission retreinte se penche actuellement sur l'examen de cette question et présentera des propositions afin de prendre des mesures et des décisions à même de soulager le citoyen", a expliqué M. Bedoui. Depuis le deuxième trimestre 2016, les Algériens ont commencé à payer plus cher le gaz et l'électricité : avec l'application des nouveaux tarifs de l'entreprise de distribution de l'électricité et du gaz (Sonelgaz), les factures ont donc augmenté pour la plupart des ménages. Vraisemblablement, la sortie du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales se veut être avant tout un message d'apaisement en direction des habitants du Sud. Ces derniers temps, les régions du Sud sont en ébullition. Les factures d'électricité du 3e trimestre en sont la cause. Plusieurs manifestations de protestation ont été organisées dans différents quartiers des wilayas du Sud algérien, pour désavouer l'augmentation "excessive" de la facture d'électricité "décrétée" sans prise en compte de la spécificité du Sud et des fortes chaleurs. Pour les contestataires, la nouvelle tarification est une "mesure injuste" ; d'où la revendication de "réviser à la baisse" les factures. Dans certaines régions du Sud, les citoyens ont réclamé la "bonne qualité du courant" pendant la période de canicule, mais aussi "la généralisation" d'un tarif accessible à la majorité. Dans d'autres wilayas, les sit-in se sont convertis en mouvement social réclamant également l'emploi et l'amélioration de secteurs comme celui de la santé, ou en mouvement d'émeutes, bloquant les routes, incendiant des pneus et suscitant l'intervention musclée des forces de l'ordre. En revanche, dans d'autres régions, malgré la bonne organisation, les policiers sont intervenus pour mettre fin "à l'aide de moyens appropriés, à une manifestation non pacifique". Interpellé récemment sur cette "mobilisation" au sud du pays qui n'est pas encore prête à se calmer, l'anthropologue Abdelkader Khelifa a signalé un "paradoxe visible", en insistant sur la prise de conscience des habitants du Sud de l'"écart" de développement entre le Nord et le Sud, alors que celui-ci renferme "les richesses du pays". "Cette ‘conscience' prend (...) la forme d'un sentiment de marginalisation", a prévenu l'universitaire, persuadé que cette contestation "positive" appelle à "un nouveau consensus entre l'Etat et le peuple". Sur quoi portera alors l'offre de la "commission restreinte", sur un nouveau "consensus" sur le local ? Hafida Ameyar