Depuis quelques années, le changement de décor est complet. La concentration des crédits accordés par certaines banques publiques, sur injonction de l'Etat, au profit d'un seul secteur, voire même d'une seule entreprise, risque de se révéler à l'avenir un facteur de fragilité qui semble ignorer les règles prudentielles les plus élémentaires.... Depuis la fin de l'année 2011, en vue d' utiliser leurs ressources financières (à l'époque) excédentaires, les banques commerciales publiques ont en effet été sollicitées massivement par l'Etat qui est leur actionnaire unique, pour financer les investissements réalisés dans les infrastructures économiques et sociales, en lieu et place du Trésor public, qui assurait encore presque exclusivement ce rôle jusqu'à une période récente. Après la BEA considérée de longue date comme la "banque de Sonatrach", voilà que le gouvernement algérien a décidé en quelques mois de transformer quasiment la CNEP en "banque de Sonelgaz" tandis que le CPA est appelé officiellement à devenir "une banque du logement". C 'est un grand retour du concept -et de la pratique- de la spécialisation bancaire en vogue dans les années 70 qui risque de transformer durablement le paysage bancaire algérien en l'éloignant de tous les standards internationaux. Au printemps 2013, le ministre de l'Habitat et le PDG du CPA annonçaient que la banque du boulevard Amirouche doit prendre la tête des financements syndiqués assurés par l'ensemble des banques d'Etat au profit de la relance des programmes AADL et de logements promotionnels. Au total, 1 200 milliards de dinars seront versés par l'ensemble des banques publiques algériennes pour mener à bien ces projets immobiliers. Le CPA n'est pas la seule banque concernée par cette nouvelle orientation. La CNEP a été récemment appelée au chevet de Sonelgaz dont elle finance depuis le début de 2012, les investissements en mobilisant ses excédents. Le délégué général de l'Abef, M. Trabelsi indiquait voici quelques mois qu'au total, la Sonelgaz doit bénéficier de 1 400 milliards de dinars de crédits. H. H.