La Russie a annoncé, via son vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, son retour au Mali, qui constitue un premier pas vers une présence renforcée dans l'ensemble du Sahel, ont rapporté les médias russes. "En tant que membre du Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie pense que les problèmes africains doivent être résolus par les Africains", a expliqué Mikhaïl Bogdanov à la presse moscovite. "Il faut savoir que traditionnellement déjà, l'armée malienne est une armée qui a été équipée dans une très grande proportion par l'Union soviétique dans les années 60, ensuite la Russie. Donc la plupart des équipements de l'armée malienne sont constitués, je pense, en majorité d'armes russes", a justifié M. Bogdanov, cité par l'agence de presse russe Sputnik News. Le vice-ministre des Affaires étrangères s'est rendu la semaine dernière à Bamako, où il a été reçu par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. La Russie compte, en effet, apporter dans un premier temps son aide matérielle et en matière de formation des troupes maliennes, dans le cadre de la lutte antiterroriste. Ce retour de la Russie coïncide avec le renfoncement de la présence américaine et française dans le pays voisin, le Niger, ainsi qu'avec l'annonce de l'Allemagne de la construction d'une importante base aérienne dans le nord du Niger. La chancelière allemande Angela Merkel avait effectué une visite de trois jours au Mali, au Niger et en Ethiopie, transmettant comme message la volonté de Berlin de jouer les premiers rôles dans cette nouvelle bataille d'influence dans cette bande sahélo-saharienne, où plusieurs groupes terroristes de dimension transnationale essaient, eux aussi, d'imposer leur présence. Mais une telle présence militaire russe et occidentale est loin d'être un simple jeu de lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou contre le groupe terroriste nigérian Boko Haram. L'Afrique est devenue un enjeu capital pour ces puissances auxquelles se joignent aujourd'hui la Chine et l'Inde, sans oublier la volonté de l'autre géant est-asiatique, le Japon, qui dispose d'une base militaire forte de plus de 600 soldats à Djibouti. Officiellement, cette base constitue un appui aux forces japonaises qui luttent contre la piraterie dans la Corne de l'Afrique. Mais ce n'est qu'un pas pour Tokyo dans son redéploiement à l'international, en commençant par le continent africain, où se jouera une des plus importantes batailles économiques de ce XXIe siècle. Lyès Menacer