“Nous avons beaucoup à gagner dans la paix durable dans la région”. Même si l'avis reste celui d'un spécialiste du Proche-Orient et de l'Afrique du nord, il reste, par bien des aspects, comme la nouvelle approche des Etats-Unis concernant le conflit du Proche-Orient. Une paix qui déterminera dans une large mesure, selon le spécialiste, les réformes démocratiques envisagées par les américains dans la région. Lors d'un débat organisé, hier, à Alger, par la fondation Friedrich Ebert conjointement avec le centre El-Khabar pour les études internationales, l'universitaire américain William B. Quandt a indiqué “qu'avec le renouveau des négociations, les Palestiniens peuvent créer un état prospère”. En décodé : l'avènement de Mahmoud Abbas aux affaires, sa disponibilité au dialogue, sa crédibilité, le désir profond des palestiniens à la paix et la décision de “Sharon de revoir sa politique” constituent autant de facteurs favorables à l'émergence d'un climat de règlement de la question palestinienne. Citant des “amis palestiniens”, William Quandt a assuré “qu'ils sont optimistes”. “Ils ont dit qu'ils peuvent parler à Sharon. C'est nouveau, c'est une marque de confiance”, a-t-il dit. Il reste cependant que les négociations entre les deux parties passent par un intermédiaire, comme souhaité par les Palestiniens. On l'aura sans doute compris : il s'agit bien entendu des américains, seuls, en raison de “la relation spéciale et unique” avec l'Israël, capables “d'imposer des compromis” notamment sur les questions fondamentales comme le statut de Jérusalem, les réfugiés ou encore les frontières. Bref, il faut selon lui “une solution réaliste et juste”. “Bush a compris” a soutenu l'universitaire de Virginie. Même s'il ne l'affirme pas, William B. Quandt le suggère amplement : l'empressement des américains à régler le conflit israélo-palestinien est motivé essentiellement par les réformes envisagées dans tout le moyen-orient. “S'il n'y a pas de règlement il y aura des difficultés pour les réformes dans la région”, a-t-il dit avant d'ajouter que “si on attend trop longtemps, ça va être difficile car il y a le problème de la Corée et de l'Iran”. Et l'intention devient plus claire lorsqu'il affirme “qu'il y a une nouvelle politique américaine. Il y a une tendance à identifier les problèmes. Des régimes comme Saddam ne doivent plus exister”. “L'Iran et l'Irak désormais entre les mains des chiites vont devenir des puissances d'autant que l'Arabie Saoudite a des problèmes. Nous avons pris le choix de la démocratisation et la nécessité de changement est claire. Les changements doivent venir de l'intérieur”, a estimé William Quandt non sans souligner que “les sociétés arabes bougent mais les régimes sont figés”. K. K.