L'émissaire de Barack Obama au Proche-Orient, George Mitchell, qui est de mère libanaise, semble réussir le tour de force de rallier les dirigeants arabes à sa vision d'une solution à deux Etats, israélien et palestinien, laquelle n'agrée, bien sûr, pas les extrémistes Netanyahu et Lieberman. À l'issue de sa rencontre avec l'envoyé spécial de l'Administration Obama, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré que les positions de George Mitchell étaient dignes de respect. Voilà des déclarations peu habituelles chez l'ancien chef de la diplomatie égyptienne, connu pour son opposition à une paix arabe sans contrepartie avec l'Etat hébreu. Ainsi, l'émissaire américain a réussi à obtenir l'adhésion des Arabes à sa stratégie, au risque de se mettre à dos les nouveaux dirigeants israéliens, qui refusent jusqu'à maintenant d'évoquer publiquement la création d'un Etat palestinien. Il mène sa médiation en position de force, car, indique-t-il, la solution de deux Etats est “la position du président Barack Obama et celle que nous allons promouvoir avec beaucoup d'énergie”, et que la résolution du conflit était “également dans l'intérêt des Etats-Unis”. Après une tournée, qui l'a mené en Israël, dans les territoires palestiniens et dans d'autres pays du Maghreb, dont l'Algérie, George Mitchell a affirmé : “Nous sommes convaincus qu'une paix globale au Proche-Orient n'est pas seulement dans l'intérêt des peuples de la région, mais l'est également dans l'intérêt national des Etats-Unis et de tous les peuples.” Dans le même ordre d'idées, il ne manquera pas de montrer qu'il est déterminé jusqu'au bout de son entreprise en dépit de tous les obstacles en déclarant : “Nous sommes également conscients des complications et des entraves, mais nous poursuivons nos efforts et demeurerons attachés à nos objectifs de paix au Proche-Orient.” Moussa, qui a insisté sur la volonté des Arabes à parvenir à une paix juste, à l'édification d'un véritable Etat palestinien et à mettre fin à l'occupation israélienne, a souligné l'importance d'une “approche globale”. Ces propos interviennent après que George Mitchell a réaffirmé que la politique des Etats-Unis sous l'Administration Obama était favorable à une solution globale aux questions de la région et à une paix juste et globale. Selon l'émissaire, il est dans l'intérêt des peuples de la région, des Américains et des pays du monde entier, de “fournir davantage d'efforts pour réaliser ce dont le président Obama avait parlé au sujet de la consécration de la paix dans la région”. Reconnaissant le caractère “complexe et compliqué” de ce dossier, il indiquera malgré tout : “Nous poursuivrons nos efforts pour parvenir à notre objectif : une paix globale au Moyen-Orient.” C'est dans cette optique que l'Administration Obama serait à pied d'œuvre pour l'élaboration d'un plan de paix pour la région du Proche-Orient en incluant des négociations bilatérales entre Palestiniens et Israéliens et entre Israéliens et Syriens sur la base de l'initiative arabe de paix, malgré le fait que le gouvernement israélien, formé depuis deux semaines, n'a pas encore affiché sa position à l'égard de l'initiative arabe de paix. Pis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a posé une autre entrave à la reprise des négociations israélo-palestiniennes en disant qu'Israël attendait des Palestiniens qu'“ils reconnaissent l'Etat d'Israël comme l'Etat du peuple juif”. Ceci a été interprété par les Palestiniens un renoncement, pour les réfugiés, au “droit au retour” sur leurs terres. Merzak Tigrine