La commission d'évaluation des concours d'architecture de la Direction de l'urbanisme, de la construction et de l'habitat (Duch) de Tamanrasset a été, encore une fois, mise sur la sellette par le Conseil local de l'Ordre des architectes (Cloa) qui vient de faire de graves révélations. Il a fallu attendre l'annonce de la dernière consultation (15-2016) publiée dans un quotidien national à petit tirage, le 2 octobre courant, pour comprendre pourquoi ce sont toujours les mêmes bureaux d'études qui bénéficient des marchés à Tamanrasset, nous dit le président du Cloa, Lakhdar Bensebgag, en tirant à boulets rouges sur le responsable par intérim de la Duch, qui a mis plus de dix jours après l'annonce pour préparer les cahiers des charges et permettre ainsi aux candidats de se les procurer. Dépité, notre interlocuteur a dénoncé ces pratiques qui expliquent clairement "les manigances de l'administration qui a bafoué sciemment la réglementation relative aux marchés publics. Qu'il s'agisse d'un fait prémédité ou d'une erreur administrative, la Duch a affiché manifestement sa volonté de faire dans le favoritisme et l'exclusion des architectes en violation des lois de la République", s'indigne M. Bensebgag. Ce dernier n'a pas manqué de dénoncer les "dépassements" de la commission dont les membres ont été maintes fois contestés, notamment à la suite des deux concours lancés pour l'étude de la réalisation des nouvelles circonscriptions administratives, In-Salah et In-Guezzam. "On a reçu des recours de plusieurs bureaux d'études. Nous avons donc mené une petite enquête qui a révélé que des pots-de-vin ont été versés par le bureau lauréat des deux projets à certains membres de la commission qui lui ont attribué des notes bien grasses", regrette un autre représentant du Cloa. Notons que ces irrégularités, qui s'apparentent à un véritable scandale, ont déjà été signalées, en avril dernier, par le Cloa d'Adrar qui avait saisi le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune. Cependant, sa doléance est restée lettre morte, regrette la même source, en précisant que le conseil d'Adrar a été impliqué, car un bureau relevant de cette wilaya du Grand-Sud avait participé aux deux concours controversés. "Etant dans une politique de récession économique, les projets auraient pu être confiés à des groupements de bureaux afin de permettre à tout le monde de travailler. Il en aura pour environ 60 millions de dinars pour un travail de quatre mois au maximum. Alors que cela aurait pu être réparti en lots confiés à plusieurs bureaux, où l'on aura une diversité architecturale et une véritable concurrence intellectuelle", a-t-on ajouté. La Duch de Tamanrasset a, en rejetant en bloc les accusations proférées par le Cloa, expliqué que les procédures relatives à l'octroi des études d'architecture ont été effectuées conformément au décret présidentiel 15-247 du 16 septembre 2015 portant code des marchés. Dans sa réponse, adressée entre autres au Cloa d'Adrar, la Duch a tenu à préciser que l'évaluation des concours s'est déroulée dans la transparence et en concertation avec les membres de la commission qui, a-t-on rappelé, a géré, sans problème, 11 concours d'architecture de la période s'étalant entre janvier 2015 et la fin du premier trimestre 2016. Au sujet de la dernière annonce, une source auprès de la Duch nous explique que plusieurs bureaux d'études ont pu retirer les cahiers des charges dans les délais. R. KARECHE