Résumé : Lassés par leurs recherches vaines, Narimène et Racim revinrent au cottage. Quelqu'un les contacte sur le téléphone fixe. C'était le kidnappeur qui demandait une rançon. Racim avait tenté d'en savoir davantage, mais l'homme avait coupé. Il va sûrement rappeler. Racim passe une main sur sa barbe hirsute. Le manque de sommeil se faisait ressentir et ses nerfs étaient à fleur de peau. Il aurait aimé que cet homme lui donne rendez-vous pour prendre son argent et lui rendre son fils. L'affaire serait très simple, et chacun trouvera son compte. Mais ce salaud jouait à les narguer, et faisait durer le suspense. Un message écrit, puis un coup de fil. Quelle serait la prochaine étape ? Il se laisse aller contre son siège et ferme les yeux. Il somnole un moment, puis se réveille en sursaut. Il avait entendu un bruit. Il cherche des yeux Narimène, mais elle n'était plus là. Où est-elle donc passée ? C'était le bruit de la porte d'entrée qui l'avait réveillé. Il comprit qu'elle était sortie. Pour aller où ? Il court et ouvrit toute grande la porte du cottage, puis regarde à l'extérieur. Narimène n'était pas sur la terrasse. Elle est sûrement sur la plage. Il referme la porte hâtivement derrière lui et met les clefs dans la poche de son pantalon avant de descendre les quelques marches qui le séparaient de la plage. Un monde cosmopolite se trouvait là. Les gens vivaient, s'amusaient et riaient. Personne ne se souciait des malheurs des autres. Il met ses lunettes solaires et scrute le bord de l'eau puis les alentours. Narimène n'était nulle part en vue. Avait-elle était kidnappée elle aussi, alors qu'il somnolait non loin d'elle ? Il se met à marcher d'un pas rapide tout en continuant à regarder autour de lui. Où pouvait-elle donc être ? Voulait-elle prendre un bol d'air pour se changer les idées ? Dans ce cas, pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Il n'aurait trouvé aucune objection à cela. Lui, par contre, ne pouvait pas sortir puisqu'il attendait ce coup de fil décisif pour récupérer Choukri. Il s'arrête de marcher. Si le kidnappeur le rappelle maintenant, il ne sera pas à la maison pour lui répondre. Le cœur battant la chamade, il se demande s'il ne ferait pas mieux de rentrer immédiatement et d'abandonner ses recherches pour retrouver Narimène. Elle finira bien par se montrer. Pesant le pour et le contre, il fait demi-tour pour revenir au cottage. Non loin de lui, près de la mer, il remarque un attroupement. Quelqu'un faisait de grands signes pour attirer l'attention des agents de la Protections civile qui se trouvaient à bord d'un hors-bord. On venait de remarquer qu'un corps flottait sur l'eau ! Racim s'arrête de marcher. Il resssentit un coup de poignard dans son ventre, puis un violent vertige. Quelqu'un s'est noyé. Narimène avait longtemps souffert de sa phobie de la mer. N'était-elle pas cette proie toute désignée que la grande bleue pourrait engloutir en quelques secondes ? Ses jambes ne le portaient plus. Son souffle devint court et rauque. Il tente de crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche. On ramène une civière. Un agent de la Protection civile s'était jeté dans l'eau pour récupérer le corps et le pousser vers le rivage. Tel un automate, il suit de loin l'opération. Narimène portait un jean et un tee-shirt jaune. Il se rappelle bien de sa tenue. Quelqu'un pousse un cri. Le corps qu'on venait de repêcher était méconnaissable. La mer avait fait son œuvre. Une main se pose sur son bras : -Racim ? Tu n'es pas resté à la maison pour attendre ce coup de fil ? Il se retourne pour se retrouver en face de sa femme : -Narimène ! Dieu soit loué. Je... je te cherchais. -Je suis sortie pour prendre un bol d'air. Tu t'es assoupi et je ne voulais pas te réveiller. Il soupire et la prend par le bras : -Tu m'as donné une de ces frousses ! -Pourquoi ? Tu avais peur que je m'en aille ? -Non, seulement j'avais imaginé un autre kidnapping puis une noyade. J'ai cru que mon cœur allait s'arrêter en remarquant cet attroupement là-bas. On vient de repêcher un noyé. Elle suit son regard, puis lance : -Tu pensais que j'allais me suicider ? Il soupire encore : -Je ne sais plus quoi penser. Mon cerveau est paralysé. Nous sommes tous les deux perturbés par ce qui nous arrive. Elle lui presse la main : -Rentrons, veux-tu ? L'après-midi tirait à sa fin. Une petite brise jouait avec les pans des rideaux accrochés aux fenêtres. Narimène faisait les grands pas dans la pièce qui servait de salon alors que Racim était assis à côté du téléphone en fumant cigarette sur cigarette. Depuis leur retour de la plage, rien de nouveau ne s'était produit. Le kidnappeur avait-il appelé alors qu'ils se trouvaient tous les deux à l'extérieur ? (À suivre) Y. H.