L'opinion publique mondiale, conditionnée des semaines durant pour une victoire de Mme Clinton, s'est, en effet, réveillée, hier, avec une gueule de bois, estomaquée par la tournure des événements. Séisme politique d'envergure avec une onde de choc planétaire. C'est ainsi que l'on peut qualifier la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine dans une course où ils ont été vraiment rares, très rares, les observateurs qui auront misé sur une telle issue du vote. Certains sont allés jusqu'à assimiler ce scénario à un Brexit multiplié par trois, allusion au référendum qui a vu la Grande-Bretagne quitter, en juin dernier, l'Union européenne. La surprise Trump, parce que c'en est une, a ébranlé toutes les certitudes, bousculé toutes les conceptions traditionnalistes de la politique américaine et fait exploser tous les codes médiatiques hégémoniques du monde occidental qui considéraient que la succession à la Maison-Blanche ne pouvait échoir à un candidat anti-establishment. Le candidat républicain n'a, d'ailleurs, jamais occupé le moindre mandat électif. Du jamais vu dans l'histoire des Etats-Unis d'Amérique où les candidats ont, à chaque fois, été, les représentants qui s'assument du camp démocrate ou républicain, qui ont toujours rythmé les élections américaines. Mais là, les Républicains triomphent avec un candidat venu d'ailleurs, plus précisément du monde des affaires. Et si la victoire de ce personnage parfois loufoque que presque personne n'a vu venir a été nette et sans bavure, ce qui rend encore plus surprenante l'issue de cette course épique, c'est son triomphe haut la main et son résultat impressionnant et indiscutable. Entre les 276 voix de grands électeurs décrochées par le candidat républicain et les 218 voix d'Hillary Clinton, l'écart est énorme. Une configuration électorale impossible à imaginer, y compris pour les observateurs les plus avertis. Pourtant. L'opinion publique mondiale, conditionnée des semaines durant, pour une victoire de Mme Clinton, s'est, en effet, réveillée, hier, avec une gueule de bois, estomaquée par la tournure des évènements. À l'annonce des premiers résultats qui donnaient Donald Trump gagnant de l'élection, les marchés financiers ont été pris de panique face à ce qui peut être interprété comme un camouflet pour Wall Street qui avait tout misé sur une victoire finale d'Hillary Clinton. De plus, durant les derniers jours de la campagne électorale, tous les sondages d'opinion donnaient la candidate démocrate victorieuse. Dans l'un des sondages réalisés bien avant l'élection, plus de 60% des Américains pensent que Donald Trump n'avait pas le caractère pour devenir président. Mais, en fin de compte, c'est le scénario le moins prévisible qui s'est réalisé. Trump, le populiste pur et dur, a, le moins que l'on puisse dire, réussi à déjouer tous les pronostics. Celui qui revendiquait ouvertement son sexisme et sa xénophobie, suscitant de violentes réactions au sein de l'opinion publique, l'a emporté sur la très chic et brillante diplomate Hillary Clinton, qui entretenait l'espoir de devenir la première femme présidente de l'histoire des Etats-Unis d'Amérique. Même l'implication soutenue du très populaire président sortant Barack Obama n'a, visiblement, pas pu lui être d'un grand secours. Résignée, la candidate démocrate, mais aussi Obama, ont, tout de même, pris le soin de téléphoner à Donald Trump pour le féliciter. Les formes et la tradition sont ainsi respectées. Il s'agit certes là d'une belle leçon de démocratie à l'américaine et de succession pacifique au pouvoir, mais, plus qu'une surprise, l'exploit de Trump constitue une vraie gifle pour le monde de la finance, pour les grands médias occidentaux et pour tout ce qui rode autour de l'establishment. L'anti-conformisme pur et dur et l'anti-système a triomphé haut la main. Hamid Saidani