L'Ordre régional des avocats de Béjaïa (Orab) voit d'un bon signe cette décision prise par le président du tribunal pour le dénouement de cette crise tout en déclarant que la grève est maintenue. Les procès de la session criminelle d'hier ont été renvoyés par le président du tribunal conséquemment à la grève enclenchée par les avocats depuis le 6 novembre dernier. C'est ce qui a été annoncé par le bâtonnier de Béjaïa, Me Djenadi Mohand-Saïd, devant ses confrères lors de leur second rassemblement tenu, la matinée, devant le tribunal. Lors des procès de la session criminelle d'avant-hier, les avocats ont investi la salle des audiences en portant des "bavettes blanches" sur leurs bouches pour signifier, nous déclare le bâtonnier, aux autorités judiciaires qu'ils sont "muselés." C'est probablement cette sortie "inattendue" des hommes en robes noires, qui a poussé, hier, le président du tribunal à renvoyer les procès programmés pour la journée. L'Ordre régional des avocats de Béjaïa voit d'un bon œil cette décision prise par le tribunal pour le dénouement de cette crise tout en déclarant que sa grève est maintenue jusqu'à la satisfaction de l'ensemble de ses revendications. "On prend acte de cette décision du président du tribunal. C'est un bon signe pour nous mais nous devons rester vigilants", nous a déclaré en substance le bâtonnier, Me Djenadi Mohand-Saïd. Et d'ajouter que "la grève des avocats est maintenue et que d'autres actions de protestation sont à prévoir si jamais les autorités judiciaires ne répondent pas favorablement à nos doléances". L'AGE des avocats et le conseil de l'ordre décidera des actions à arrêter, a-t-il tenu à préciser. Selon notre interlocuteur, le mot d'ordre de grève générale des avocats a été suivi à 100% à travers tous les tribunaux de la wilaya de Béjaïa. "Nous avons 900 avocats en exercice et 1 200 avocats stagiaires, dont 240 Tunisiens en stage dans notre wilaya. Ils ont tous suivi la grève", a précisé Me Djenadi. Comment les choses évolueront-elles ? "Difficile de vous répondre mais une chose est sûre, nous n'abdiquerons pas", répond le bâtonnier. Il y a lieu de rappeler que depuis l'ouverture de la session criminelle, les avocats ont boycotté les procès avant de déboucher sur une grève générale, décision prise lors de leur AGE du 12 novembre dernier. C'est-à-dire aussi bien les procès de la criminelle que ceux de la correctionnelle, se sont déroulés en l'absence de la défense. "La défense des prévenus est assurée par une personne choisie par les prévenus. Le parquet peut faire un pourvoi en cassation pour un second procès", nous déclare à cet effet le bâtonnier, Me Djenadi. Nous aurions aimé interroger les familles des prévenus, qui se sont retrouvés sans défense, sur leur sentiment plus d'une semaine après le début de la grève, les salles ont été évacuées. On a souhaité, en outre, avoir le point de vue d'un représentant du parquet sur cette grève des avocats pour être équitable, en vain. Le droit de réserve d'un côté, la crainte sans doute d'alimenter un feuilleton, de l'autre, ont pesé dans ce refus. L. OUBIRA