Les députés de l'opposition ont certes dénoncé le projet de loi de finances pour 2017 mais n'ont pas été, cette fois-ci, jusqu'à chahuter les débats. Les débats à l'Assemblée populaire nationale (APN) sur le projet de loi de finances pour 2017 se sont clôturés hier avec les interventions des chefs des groupes parlementaires suivies de la réponse du ministre des Finances. Si les chefs des groupes des indépendants, du Rassemblement national démocratique (RND) et du Front de libération nationale (FLN) se sont employés à réitérer leur soutien "indéfectible" au programme du chef de l'Etat, les chefs des entités parlementaires de l'opposition ont appuyé leur dénonciation d'un projet qu'ils ont qualifié d'entreprise "contre le pays". Le chef du groupe parlementaire du Front des forces socialistes (FFS), Chafaâ Bouaïche, a estimé que les débats sur le PLF 2017 visent plutôt "à disculper le gouvernement de ses échecs pour les endosser aux députés", ajoutant que le projet de la loi "est l'expression du mépris des intérêts du pays et des citoyens". Le député du FFS a souligné que ce projet "est contre le pays", du fait que le régime adopte une politique d'exclusion du citoyen de tout débat le concernant. Il a rappelé que le régime algérien a de tout temps géré d'une manière unilatérale les différentes crises, et c'est ce qu'il veut rééditer. M. Bouaïche a estimé, par ailleurs, que le régime, à travers les dispositions du PLF 2017, vise "à alléger les répercussions de la crise sur les rentiers nés parmi l'élite politique et économique au sein du régime", avant de s'interroger sur "les capacités d'un régime bâti sur la rente et incapable de créer des richesses et à trouver des solutions miraculeuses à la crise". Sur un autre volet, le parlementaire du FFS a averti le régime sur "les conséquences de sa politique", avant de s'en prendre "aux oligarques" qu'il a qualifiés de "non Algériens". "Les nationalités des oligarques sont celles où ils ont domicilié leurs comptes à l'étranger", a-t-il ironisé. Intervenant au nom du groupe parlementaire du parti des travailleurs (PT), Youcef Taâzibt n'a pas été tendre avec le gouvernement. Il s'en est pris "au régime du parti unique" qui "constitue un danger pour le pays", car, a-t-il dit, "c'est de ses tréfonds que naissent l'exclusion, la corruption et la prédation". M. Taâzibt a estimé que la chute des prix du pétrole a dévoilé l'incapacité du régime à présenter des solutions intermédiaires. "Cette incapacité est due, selon lui, à la mainmise d'une minorité de nouveaux riches sur les richesses de l'Etat." "Le gouvernement protège la minorité et écrase la majorité", a accusé le député du PT, avant de faire noter que "9 981 milliards de dinars d'impôts n'ont pas été encore recouvrés et 7 500 milliards de dinars des crédits accordés à l'oligarchie non encore récupérés par l'Etat". Youcef Taâzibt considère, par ailleurs, que le discours du gouvernement est déconnecté de la réalité. Il a cité les innombrables hausses décidées qui "contredisent le discours officiel". Youcef Taâzibt a appelé la classe politique à choisir son camp, affirmant que le PT a choisi celui de la majorité contre celui de l'oligarchie. Abderrahmane Benferhat de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) a dénoncé le gel des projets qu'il a qualifiés de vitaux pour les citoyens. Le chef du groupe RND, Mohamed Kidji, a, sans grande surprise, apporté son soutien au projet de loi de finances 2017, soutenant, du coup, le gouvernement dont son parti est partie prenante. Répondant aux questions et remarques des 194 députés qui sont intervenus dans les débats, le ministre des Finances a souligné, dans une courte réplique, que le projet vise à pérenniser et à booster la croissance économique. Il a rassuré que le pouvoir d'achat des citoyens sera épargné par les hausses des taxes, car le soutien aux produits de large consommation est maintenu. À propos de la dette fiscale, le ministre a souligné que sur les 7 000 milliards de dinars non recouvrés, 5 000 milliards de dinars sont détenus par deux banques en liquidation, à savoir Khalifa Bank et la Banque commerciale et industrielle d'Algérie (BCIA). Mohamed Mouloudj