Les chefs de groupes parlementaires des partis de l'opposition, ayant intervenu hier lors des débats sur le projet de loi de finances 2017, ont suggéré aux pouvoirs publics de récupérer l'argent public dans les droits de douane non payés, les impôts non recouvrés, les factures gonflées et l'argent qui circule dans l'informel, au lieu de punir les citoyens par des augmentations d'impôts pour des «erreurs de gouvernance commises par le système en place». Ramtane Taâzibt, chef du groupe parlementaire du Parti des Travailleurs, a affirmé lors de son intervention que les solutions existent et le chaos n'est pas une fatalité. Au lieu «d'écraser la majorité et gâter la minorité», le gouvernement doit en premier lieu récupérer les 9.981 milliards de DA d'impôts non recouvrés depuis 2013 et de récupérer en outre les 7500 milliards de DA de crédits dits économiques, octroyés «aux oligarques» qui ne sont toujours pas remboursés. Il demandera pourquoi les pouvoirs publics n'essayent pas de récupérer les millions de dollars d'argent public détourné au lieu de réduire le budget de fonctionnement de 215 milliards de dinars et celui de l'équipement de 1000 milliards de dinars et geler des projets de développement, sans parler, dit-il, des augmentations des taxes comme celle du carburant, avec une hausse de 8 à 14%, ainsi que d'autres impôts. Des augmentations qui vont fragiliser davantage le pouvoir d'achat des citoyens, déjà en baisse de 40%, selon les chiffres de l'office national des statistiques (l'ONS). Chafaâ Bouaïche, chef du groupe parlementaire du FFS, a affirmé pour sa part que le peuple et le simple citoyen ne doivent pas payer à la place des auteurs des grandes évasions fiscales qui tournent autour de 1,5 milliards de dollars pour atteindre parfois les 2 à 3 milliards de dollars. Le chef du groupe parlementaire de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) Abderrahmane Ferhat a, quant à lui, suggéré au gouvernement de récupérer les 40 milliards de dollars qui circulent sur le marché de l'informel. Les explications de Hadji Baba Ammi sur la dette fiscale Le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, en réponse à une série de préoccupations et de questions formulées par les députés notamment de l'opposition, a affirmé que sur les 7.000 milliards de DA de retards de paiement ou d'amendes fiscales non recouvrés il y a 5.000 milliards de DA qui sont dues par deux banques en liquidation. «Deux banques que tout le monde connaît, en l'occurrence Khalifa Bank et la Banque commerciale et industrielle d'Algérie», dit-il. Le ministre a affirmé que le projet de loi de finances de 2017 contribuera à pérenniser la croissance économique tout en préservant le pouvoir d'achat des citoyens malgré les augmentations des taxes prévues. Il dira qu'il s'agit d'un projet global et équilibré qui intervient dans une conjoncture difficile, voire très difficile, et qui vise à garantir la pérennité de la croissance économique et la préservation du pouvoir d'achat des citoyens. Il expliquera qu'« il y a certainement des augmentations de taxes comme la TVA et la taxe sur les produits énergétiques, mais d'autre part, il y a énormément de dispositions qui sont là pour améliorer, booster et valoriser la croissance économique». Une croissance économique, dit-t-il, qui est restée à un niveau très élevé en comparaison avec celle de nos voisins ou bien même des autres pays pétroliers. Et que l'Algérie tablait sur une croissance de 3,9% pour 2017 alors que la croissance moyenne dans les pays exportateurs de pétrole de la région ne dépasse pas 1,9%. Il conclura qu'il y a en fait une différence très grande dans le comportement économique en Algérie par rapport à des pays similaires. Quand le FLN parle de lui-même Mohamed Djemaa, chef du groupe parlementaire du FLN, n'a soufflé aucun mot sur le projet de loi de finances 2017. Il s'est contenté durant son intervention d'expliquer pourquoi les députés FLN ont dit oui au programme du président de la République. Il a salué et rendu hommage aux députés FLN, aux militants FLN et au président d'honneur du FLN, Abdelaziz Bouteflika, sur toutes les réalisations, notamment sur le plan sécuritaire et sur le plan économique. Djemaa n'a pas cessé de défendre son parti et les députés du FLN qui, selon lui, ont fait preuve d'une étonnante patience et sérénité contre vents et marrées et malgré les critiques les plus virulentes.