Il s'agit de faire face à une menace réelle dans un monde virtuel et d'apporter la meilleure réponse pénale aux infractions. En l'absence de chiffres réels et exhaustifs sur les délits électroniques, il est difficile de situer le niveau de gravité de la cybercriminalité en Algérie. "La menace est pourtant bien là", confirment les spécialistes du domaine en débat hier au Centre international des conférences (Club-des-Pins). La rencontre organisée par le World Trade Center avec pour thème "La cybersécurité au service du développement économique et des infrastructures critiques" a, d'ailleurs, ratissé large pour aborder, également, la protection des données privées en passant par les risques liés aux médias sociaux (hoax et e-réputation) ainsi que le développement du web en Algérie. Ali Kahlane, docteur d'Etat en informatique et fondateur de la société Satlinker a, pour sa part, bien résumé la situation en avançant des statistiques révélatrices de l'importance que prennent les nouvelles technologies dans notre quotidien, soulignant, par la même occasion, la vulnérabilité numérique qui touche aussi bien les particuliers, les institutions que les entreprises. Et cette 5e édition du Symposium international sur la cybercriminalité vise, justement, à sensibiliser et à débattre de manière détaillée sur les défis et les enjeux de la lutte contre la cybercriminalité ainsi que l'importance de la cybersécurité dans l'environnement économique et institutionnel. "Cette rencontre sera l'occasion de proposer des mesures permettant de stimuler la coopération internationale afin de combattre les effets dévastateurs de ce nouveau crime et sensibiliser les chefs d'entreprise à prendre conscience de l'importance de la sécurité informatique comme élément de souveraineté au sein des entreprises et des différentes institutions de l'Etat", a expliqué Ahmed Tibaoui, en sa qualité de directeur général du WTC Algiers et très au fait des affaires économiques. Il poursuivra : "Le symposium a pour objectif d'informer et de sensibiliser les entreprises et les institutions sur les dangers de la cybercriminalité, en réunissant autour d'un intérêt commun, tous les acteurs concernés par ce phénomène afin de cerner les appréhensions des uns et des autres autour de la question de la cybersécurité et permettre une bonne compréhension de l'aspect légal et technique de la cybercriminalité et la cybersécurité". Avec le développement numérique dans notre société et son corollaire de cybermenaces, le risque de vols des données via la pénétration du système d'information a considérablement augmenté. Et si, jusque-là, l'Algérie est plutôt prémunie contre ce phénomène, c'est parce qu'elle accuse un retard flagrant dans le domaine. Ali Kahlane a bien confirmé que "le retard technologique est dû à l'absence des textes législatifs y afférents" et d'insister concernant le e-commerce que "techniquement, l'Algérie n'a aucun problème pour se lancer dans le e-commerce. C'est une question de loi qui serait en voie d'être finalisée tout autant que la réglementation pour ce qui est de la certification électronique". Reste à savoir pour quelle raison nos décideurs ont mis tout ce temps pour s'y mettre et traînent encore les pieds dès qu'il s'agit de moderniser notre système financier. Djallal Bouabdellah, expert et consultant IT a souligné, quant à lui, les enjeux de la non-sécurisation des données notamment dans la sphère bancaire en présentant le référentiel PCI-DSS pour ce qui est des transactions. Une norme qui est un standard de sécurité des données pour les principaux groupes de cartes de paiement telles que Visa, MasterCard, American Express, Discover et JCB, y compris l'Algérie. Nabila Saïdoun