Dans les moments de crise, le gouvernement devrait donner l'exemple, même d'une façon symbolique, en réduisant les dépenses farfelues des institutions de l'Etat. "Nous ne voulons pas que le peuple paie seul le prix de la crise." Le député de l'opposition, qui a brandi, avant-hier, lors de la séance de vote du projet de loi de finances 2017, une pancarte où était écrite cette phrase, n'avait pas tort. Dans les moments de crise, le gouvernement devrait donner l'exemple, même d'une façon symbolique, en réduisant les dépenses farfelues des institutions de l'Etat. Pour rappel, dans une instruction adressée aux membres du gouvernement, le Premier ministre avait déploré des irrégularités et des insuffisances en ce qui concerne l'exécution des dépenses publiques. M. Abdelmalek Sellal avait recommandé une plus grande restriction dans la dépense relative aux frais de réception et de manifestation. Il a ordonné de réduire les charges relatives au téléphone, à l'eau, à l'électricité, au gaz, "qui ne cessent de s'accroître". Le Premier ministre est allé jusqu'à exiger la maîtrise des frais de mission, "qui doivent couvrir des frais de mission effectifs". Mais sur le terrain, l'instruction du Premier ministre semble rester, dans bien des cas, lettre morte. Des ministres poursuivent de faire comme si l'instruction du Premier ministre n'avait jamais existé. Ils continuent de programmer des sorties dans les wilayas, accompagnés de fortes délégations, entre représentants de la presse et collaborateurs, pour des inspections qui ne nécessitent pas toute cette mobilisation. Mais au-delà de la nécessité de réduire le train de vie de l'Etat, le gouvernement aurait pu donner l'exemple en réduisant les salaires des hauts cadres de l'Etat. Confrontée à la crise, l'Arabie saoudite a décidé, par décret, de réduire de 20% le salaire de ses ministres. Selon un autre décret du roi, les indemnités annuelles des 160 membres du Conseil de la choura seront amputées de 15% et le gouvernement ne fournira plus de voiture de fonction aux "hauts responsables de l'Etat". Le chef du gouvernement tunisien,Youssef Chahed, avait, également, décidé de diminuer les rémunérations de l'ensemble des ministres par "solidarité avec la Tunisie", dont l'économie est en difficulté. La décision qui s'applique aux "primes et privilèges" et au carburant alloué, équivaut à 1 000 DA par mois (400 euros) pour chaque ministre et secrétaire d'Etat (une quarantaine en tout). En Algérie, les députés, notamment ceux de la majorité, ne veulent pas entendre parler de la réduction de leur salaire. Ils ont d'ailleurs rejeté la proposition d'un député de l'Alliance de l'Algérie verte, Nasser Hamdadouche, prévoyant une ponction de l'ordre de 20% sur le net perçu par le député et d'autres ponctions sur les salaires nets perçus par les cadres supérieurs de l'Etat. Tout comme a été rejetée, d'ailleurs, la proposition d'institution d'un impôt sur les grosses fortunes. L'économiste et ex-ministre du Commerce, M. Smaïl Goumeziane, dans une tribune publiée sur le site Libre-Algérie, a fait remarquer que d'autres "gisements financiers" existent dans lesquels les autorités pourraient "puiser" pour boucher les déficits publics : les surfacturations liées au commerce extérieur, les transferts invisibles de capitaux et la fraude fiscale, sans oublier les ravages du change parallèle. En effet, relève M. Smaïl Goumeziane, "selon les chiffres avancés par les autorités elles-mêmes, le pays fait face, annuellement, à quelque 18 milliards de dollars de surfacturations, à des transferts invisibles de capitaux de l'ordre de 1,5 à 2 milliards de dollars et à près de 3 milliards de dollars de fraude fiscale. Soit un montant global et annuel de l'ordre de 23 milliards de dollars à comparer aux 27 milliards de subventions". M. R.