Source de savoir et de renouveau, l'enseignement supérieur est au cœur de tous les débats. Ceci, car partout dans le monde, les étudiants sont à l'origine du changement et de l'innovation. En Algérie, ce domaine est encore en construction, nous souffrons de manques cruels aussi bien au niveau des infrastructures que de l'encadrement, en témoigne le classement des universités algériennes au niveau africain et mondial : Aucune université algérienne ne figure dans le classement2015-2016 des 500 meilleures universités dans le monde. Ni dans celui des universités performantes d'Afrique.Selon The Times Higher Education. Les moyens mis en place, la mauvaise gestion et l'attitude des étudiants y sont pour beaucoup. Cependant, le problème majeur reste la difficulté de transmission des informations des enseignants aux étudiants. Cela soulève une question majeure : Qui des enseignants les plus jeunes ou les plus expérimentés sont mieux qualifiés pour relever ce défi ? Les jeunes enseignantsont l'avantage d'être plus dynamiques et d'avoir des informations à jour du fait que leur diplôme soit récent. Fares.K est docteur en physique, il enseigne à l'université de Béjaia à tout juste 25 ans, d'après lui, le jeune enseignant est avantagé : « Sur le plan psychopédagogique, il a l'avantage d'être proche de la mentalité de la nouvelle génération enseignée,il saura donc comment réagir avec certains comportements qui peuvent choquer l'ancienne génération. »Youcef.S lui, enseigne le génie civil à l'université de Tlemcen depuis 3 ans, il partage la même vision que Fares: « pour moi, le jeune enseignant a un énorme avantage, celui d'être de la même génération que ses étudiants,il est beaucoup plus facile pour lui d'être pédagogue, à partir de là, il comprendra plus facilement les préoccupations de ses étudiants et pourra y répondre. » Tous deux s'accordent pour dire que la pédagogie n'est pas une question d'expérience mais plutôt de volonté et de communication. Ils concèdent tout de même que les plus anciens maîtrisent mieux les règlements en vigueur et qu'ils sont avantagés du point de vue administratif. Par contre, les enseignants plus anciens maîtrisent mieux leur sujet, ils sont beaucoup plus qualifiés pour élaborer les programmes d'étude et s'assurer de leur bon fonctionnement. Forts de leurs années d'expérience, ils ont généralement une connaissance plus large des modules enseignés et ont acquis avec le temps une véritable méthodologie de travail dont il faut profiter.D'une manière générale, ces derniers estiment que l'expérience est la clé pour être pédagogue. Une enseignante de projet à l'EPAU nous déclare : « J'enseigne à l'EPAU depuis plus de 25 ans, et je sens que je m'améliore d'année en année. Ce n'est pas évident au début d'avoir affaire aux étudiants, mais avec le temps on acquiert la pédagogie etle message passe plus facilement. De plus, nos connaissances s'accumulent et ça ne peut qu'être bénéfique pour les étudiants. » Pour elle, l'enseignant doit accumuler beaucoup d'expérience pour arriver à remplir son rôle à pleine mesure, ceci, à condition de se renouveler et de constamment faire son autocritique. Un autre enseignant, toujours à l'EPAU,déplore le fait que les enseignants expérimentés se fassent de plus en plus rares : « Nous avons vu ces dernières années beaucoup d'enseignants chevronnés prendre leur retraite, pour diverses raisons, c'est une grande perte car ces derniers sont souvent des références dans leurs domaines, ilsfont en quelques sortes l'image de l'université algérienne. » Les étudiants, principaux concernés par ce débat, divergent dans leurs préférences.Certains apprécient la fougue et l'envie des jeunes enseignants, tandis que d'autres préfèrent la maîtrise et les connaissances des plus anciens. Cela dit, nous constatons qu'ils apprécient de manière générale les qualités des deux partis, l'idéal pour eux serait d'arriver à un juste équilibre ou tous les acteurs apporteraient leur contribution à un projet commun.Globalement, tous les avis récoltés convergent vers le fait qu'une prise de conscience générale s'impose. L'université algérienne a clairement besoin de renouveau, et ce n'est qu'en faisant évoluer les mentalités et en mettant en avant les compétences omniprésentes que nous pourrons y aspirer. Demain, enseignants de l'ancienne et de la nouvelle génération, étudiants, administrateurs et décideurs, travailleront tous main dans la main pour donner à notre université l'image qu'elle mérite, et aux générations futures la chance d'accéder au savoir et de porter notre pays vers le haut. En attendant, il est de notre devoir à tous de donner le meilleur de nous-même pour voir cet idéal se réaliser. Sidali CHENIK NOMAD(EPAU)/Rédaction Numérique de "Liberté"