Après Sidi Bel Abbès c'est au tour d'Oran, où les diplômés à leur sortie de l'université, ne trouvent pas de travail. Ces jeunes consument quotidiennement leur lassitude, adossés aux murs, après avoir cherché en vain du boulot. Cette situation pourrait s'expliquer par des raisons économiques, certes, mais, la qualité du diplôme et la faiblesse des connaissances des diplômés ont conduit les recruteurs à leur préférer des retraités ou d'anciens universitaires. Ces derniers activent dans le secteur public et sont débauchés des entreprises publiques, et sont attirés vers les entreprises privées. Les personnes âgées bénéficiant d'expérience trouvent donc plus facilement des postes d'emploi alors que de jeunes étudiants sont boudés. Cette situation trouve une explication partielle dans les scandales qui secouent les universités algériennes. En effet, ces établissements d'enseignements supérieurs ont tendance à perdre de leur prestige, au fil du temps, car la qualité de l'enseignement est de moins en moins bonne, ce qui a fait dire à des observateurs que l'université forme de «futurs chômeurs», raison pour laquelle beaucoup d'étudiants ne poursuivent pas leur parcours universitaire, abandonnant soudainement leurs études, déçus par l'état des universités. Au-delà de l'environnement qui se dégrade, les ordures qui s'y accumulent, les œuvres sociales défaillantes, l'absentéisme des enseignants est flagrant. Ces derniers se rattrapent en proposant à leurs étudiants de recevoir leurs cours sur le Net, dans leurs boîtes respectives. De nombreux étudiants sont révoltés contre les conditions pédagogiques, qu'ils estiment désastreuses. «La qualité de l'enseignement est en baisse», ont-ils affirmé. Pour eux, il est clair que l'université est en train de perdre son prestige d'antan, notamment à cause de problèmes administratifs. Des étudiants dénoncent la subjectivité de certains enseignants et leurs fausses évaluations, qui n'ont pas de caractère pédagogique. Un autre phénomène est en train de prendre de l'ampleur : le trafic de notes, comme cela a été le cas à Sidi Bel-Abbès et à l'USTO. En effet, beaucoup d'étudiants achètent des notes pour «boucler» leur année ou bien carrément pour être classés parmi les premiers. En effet, cette pratique est devenue courante, et beaucoup de professeurs d'université, tout en le déplorant, le reconnaissent en aparté. Autre fait plus grave : de simples agents d'administration se permettent de changer les notes, comme cela a été le cas à l'IGMO où une enseignante a été étonnée de voir ses notes dénaturées, et gonflées. Ce qui a entraîné une enquête. Cependant, un fait plus grave et qui discrédite totalement le système LMD est en train de voir le jour : le clientélisme et le passe-droit. C'est le cas d'une étudiante classée 68ème en 3ème année informatique qui avait bénéficié du choix du roi en s'adjugeant le meilleur thème, en octobre déjà, alors que la note concernant les thèmes n'avait été diffusée que six (6) mois plus tard. Cette étudiante avait reçu le thème parce que son père est l'ami de l'encadreur, et que sa mère travaille dans l'administration. A l'amphi, au moment du choix, la majore de promo a subi toutes les pressions du monde pour qu'elle renonce au thème qui était déjà pris. Il a fallu l'intervention de la responsable du département pour que la hiérarchie soit respectée. De telles pratiques sont connues des recruteurs qui ne font plus confiance aux résultats communiqués et qui préfèrent faire leurs propres évaluations. Le plus dangereux est le fait que les diplômes LMD risquent de ne plus être reconnus en Europe. Ce qui mettrait à mal des années de réformes.