Dopé par l'annonce, mercredi dernier, d'un accord de réduction de la production de l'Opep à hauteur de 1,2 million de barils/jour, le prix du baril de Brent a dépassé hier la barre des 54 dollars. Les prix du pétrole étaient hier en nette hausse : le baril de brent de la mer du Nord, la référence pour l'Algérie, était coté à plus de 54 dollars, hier après-midi. Il avait déjà franchi la barre des 54 dollars jeudi. Les cours du brut étaient dopés par l'annonce de l'accord historique de l'Opep portant sur une réduction de la production de 1,2 million de barils/jour des pays membres de l'organisation à partir de janvier prochain. Il s'agit du premier arrangement sur une limitation de la production de l'Opep depuis 2008. Les prix du pétrole ont connu une hausse de plus de 10%, par effet de surprise. Car les informations sur les divergences entre l'Opep et la Russie avaient fait craindre un échec de la réunion ministérielle des pays de l'Opep qui s'est tenue à Vienne, mercredi dernier, pour limiter la production de l'Organisation afin de raffermir les cours du pétrole. En effet, l'annonce de l'accord de l'Opep mercredi coïncidait avec la publication du niveau des stocks de pétrole américain. L'effet surprise a également joué. Les stocks américains ont baissé alors qu'on s'attendait à une hausse de ses réserves de brut. Troisième effet : l'annonce officielle que la Russie allait participer à l'effort de l'Opep en réduisant sa production de 300 000 barils/jour. Du jamais vu depuis 15 ans. Tout cela est conforté par l'annonce d'une réunion des non-Opep à Doha en décembre pour un alignement de ces derniers sur l'accord de Vienne. L'Opep souhaite que ces pays réduisent leur production de 600 000 barils/jour. On s'attend à ce que l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan imitent la décision de Moscou. Selon des sources de l'Opep, citées par Reuters, la réunion aura lieu le 10 décembre prochain. Réunion des pays non-Opep le 10 décembre à Doha Au tableau rose, il convient de signaler également l'appréciation d'environ 6% du dollar américain par rapport au panier des sept principales monnaies depuis le 28 septembre dernier, date de l'accord de l'Opep d'Alger. "En termes réels, avec cette appréciation du dollar américain, les prix du 53-54 dollars actuels équivalent à 55-56 dollars", commente Noureddine Leghliel, analyste des marchés pétroliers. Ce spécialiste, qui avait anticipé avec grande précision dans un entretien à Liberté le succès de la réunion de Vienne, souligne que la large réduction de la production décidée par l'Opep, imprévue par les marchés, a conforté cette hausse des prix du pétrole. Appréciation du dollar de 6% À la suite de plusieurs analyses, Nourredine Leghliel estime que les prix du pétrole vont évoluer entre 55 et 60 dollars en 2017. Mais il avertit que si les pays Opep ne respectent pas à la lettre leur décision de réduction de la production, les marchés ne sont pas dupes. Ils sont les premiers informés d'un écart d'un pays ou de tel autre pays par rapport à son quota de production décidé à Vienne. Du coup, les prix risquent de nouveau de baisser et d'atteindre les 40 dollars le baril. Pour éviter ce scénario, le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, a indiqué mercredi que l'Opep a décidé de constituer un comité de suivi de l'application de l'accord de Vienne, composé d'experts de l'Opep et de pays non-Opep ayant décidé de baisser leur production. Ainsi, si les pays Opep et non-Opep respectent leur décision, le rééquilibrage du marché pétrolier s'effectuera plus rapidement que prévu. Selon un spécialiste, on pourrait absorber l'excédent actuel sur les marchés en mars prochain dans ce scénario. S'ils manquent à leur parole, la dynamique haussière enclenchée depuis l'accord de Vienne risque d'être vite stoppée. Alors, bonjour à des prix du baril à 40 dollars. Ce qui va, sans nul doute, aggraver la situation des pays producteurs, comme l'Algérie. K. Remouche