Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
"Je pense que l'accord d'Alger sera respecté" Noureddine Leghliel, spécialiste des marchés pétroliers, ancien analyste boursier à la banque suédoise Carnegie, à propos de la réunion de l'OPEP
L'expert estime que les cours du brut atteindront les 55 dollars vers la fin de l'année en cas d'accord de limitation de la production de l'Opep conclu le 30 novembre à Vienne. Liberté : Pensez-vous que la réunion ministérielle de l'Opep prévue le 30 novembre à Vienne sera sanctionnée par une baisse de la production susceptible de faire remonter les cours au-dessus de la barre des 50 dollars ? Noureddine Leghliel : Primo, la tenue de la réunion de l'Opep à Vienne le mercredi 30 novembre coïncide avec la publication hebdomadaire des stocks américains de pétrole et des produits dérivés. Et elle coïncide aussi avec l'expiration des contrats à terme du Brent pour le mois de janvier 2017. Secundo, comme la plupart des analystes pétroliers, je pense que les pays de l'Opep arriveront à trouver un deal pour réduire leur production et que l'accord d'Alger conclu le 28 septembre 2016 sera respecté. J'anticipe sur des cours du pétrole à 55 dollars vers la fin de l'année si un bon accord de limitation de la production de l'Opep sera conclu à Vienne. Comment analysez-vous l'évolution des prix du pétrole à la veille de la réunion de l'Opep ? Avec une probabilité élevée, je dirais que durant les jours du lundi 28 novembre, mardi 29 novembre et mercredi 30 novembre les cours du WTI et ceux du Brent seront soumis à une volatilité extrême. Le marché pétrolier sera guidé par le flux des informations y compris les rumeurs, des hausses euphoriques ou des baisses verticales dans le sens inverse ne sont pas à exclure. Comment anticipez-vous la réaction des marchés en cas d'accord de l'Opep à Vienne ? Si les cours du WTI et du Brent seront soumis à des pressions baissières durant les jours du lundi, du mardi et même du mercredi et que l'Opep trouve un accord sur une large réduction de la production pétrolière des pays de l'Opep, on aura une sur-réaction du marché créant des hausses euphoriques des cours dépassant les 6%, l'effet de surprise jouant un grand rôle. Comme ce fut le cas à Alger le 28 septembre 2016. Il convient aussi de dire que le marché pétrolier se focalisera sur les volumes de réduction de la production pétrolière des pays de l'Opep en cas d'accord. Le second scénario est que les cours du WTI et du Brent augmenteront la veille de la réunion, ces augmentations peuvent être intégrées dans les cours annonçant par conséquent l'imminence d'un accord. Pensez-vous que les pays non-Opep s'aligneront sur l'accord de Vienne ? Dans les cas les plus optimistes, je dirais qu'on aura peut-être un accord de gel de production de la part de la Russie. Comment analysez-vous les récentes positions de l'Iran, de l'Irak et de la Russie par rapport à la proposition algérienne de baisse de la production de l'organisation de 1,1 million de barils/jour, retenue par l'Opep ? Je pense que l'Iran acceptera la proposition algérienne pour les raisons suivantes : Primo : le différend qui existe entre l'Opep et l'Iran ne concerne que 200 000 à 300 000 barils de plus que l'Iran revendique. Secundo : l'arrivée de Donald Trump au pouvoir a rapproché les Saoudiens et les Iraniens, le nouveau président américain ne cesse de menacer les intérêts économiques des Saoudiens et des Iraniens. Tercio : comme je l'ai dit il y a deux mois, quand il s'agit de l'Iran, il faut tenir compte du chiffre des exportations pétrolières de ce pays plus que du chiffre de sa production pétrolière car après la levée des sanctions économiques imposées par l'Occident l'Iran connaît un boom industriel et économique qui se répercute sur sa consommation interne en pétrole qui bat des records. Concernant l'Irak, il y a des risques que ce pays devienne dans un avenir proche le talon d'Achille de l'Opep. Ce grand producteur de pétrole vit une instabilité politique chronique : le problème de Kirkouk entre le gouvernement de Baghdad et le gouvernement autonome kurde d'Erbil (la région de Kirkouk contient les secondes réserves de pétrole irakien) pèse sur les décisions et les engagements des responsables politiques et pétroliers de ce pays envers l'Opep. Mais pour l'instant l'Irak n'a pas encore les moyens nécessaires pour une grande augmentation de sa production. Pour la Russie, le meilleur que l'on peut attendre de ce pays serait un gel de sa production. En cas d'échec de la réunion de Vienne, qu'anticipez-vous en termes d'évolution des prix du pétrole à fin 2016 et au premier semestre 2017 ? Même en cas d'échec de la réunion de Vienne les cours du WTI et du Brent ne franchiront pas à la baisse le seuil psychologique des 40 dollars, comme je l'ai dit à plusieurs reprises, adieu le prix de baril à 30 et 40 dollars. Le marché pétrolier a retrouvé ses forces durant le printemps 2016 et il y a plusieurs indicateurs du marché qui le prouvent. Ajoutez à cela l'arrivée de Donald Trump au pouvoir qui a clairement annoncé dans son programme économique une préférence pour une politique économique keynésienne aux USA durant son mandat (500 milliards de dollars seront investis sur une période de 4 ans par le gouvernement fédéral pour la réalisation de grandes infrastructures).