Il a seulement quatre ans d'âge mais se considère comme un "acteur incontournable" sur la scène politique. Né en 2012, le Mouvement populaire algérien (MPA) de l'ex-ministre Amara Benyounès, arrivé juste derrière le FLN et le RND lors des dernières législatives et élections locales, avec 1 900 élus, et en s'adjugeant pas moins de sept sièges de députés, ne cache pas ses ambitions pour les élections du printemps prochain. Il compte, en effet, sauvegarder "au moins sa troisième place". "Il est de notre devoir de réaliser les objectifs tracés. Nous devons redoubler d'efforts pour sauvegarder au moins notre troisième place. Nous allons veiller à sélectionner les meilleurs militants, par consensus et en toute démocratie", a assuré, hier, à Alger, le secrétaire général du parti, Amara Benyounès, dans une allocution à l'ouverture des travaux du premier congrès du parti. Devant une brochette d'invités, dont le SG du FLN, Djamel Ould Abbes, le SG du RND et chef de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, le représentant du président du Sénat, El-Hachemi Djiar, Mohamed Douibi d'Ennahda, Nabil Yahiaoui, représentant d'Abdelmalek Sellal, et de représentants de chancelleries étrangères, l'ex-ministre du Commerce n'a pas caché sa fierté de la place acquise par son parti face à des partis "qui ont plusieurs années d'existence", allusion sans doute à son ex-parti le RCD, au PT, au MSP et au FFS. "Nous sommes fiers que le MPA ait acquis une place et une position qui lui confèrent d'être un partenaire incontournable sur la scène politique nationale (...). C'est une fierté pour tous les militants, mais cette position impose des devoirs supplémentaires, notamment la rigueur dans l'organisation et l'observation des événements et de la situation pour les analyser", a-t-il ajouté. Comme souvent, Amara Benyounès qui ne fait pas de mystère quant à son soutien inconditionnel au président Bouteflika — "un soutien politique, à son programme, un soutien franc, désintéressé", martèle-t-il —, n'a pas raté l'occasion d'épingler, de nouveau, l'opposition, notamment celle regroupée au sein de l'Icso. "Nous disons à ceux qui appellent à la transition ou à l'intervention de l'armée et à ceux qui espéraient l'embrasement de l'Algérie dans la foulée du Printemps arabe que la culture des coups d'Etat relève des pratiques du siècle dernier et que les soulèvements violents conduisent souvent au pire." "La violence conduit au chaos, mais jamais à la démocratie", dit-il, avant d'ajouter : "Tous ceux qui aspirent à être élus ou à être responsables peuvent réaliser leurs ambitions en se présentant aux élections de 2017. Et ceux qui ambitionnent la magistrature suprême doivent patienter jusqu'à 2019, en respect des rendez-vous électoraux connus. Telles sont les voies démocratiques." Tout en égrenant les grandes lignes du programme du parti, Amara Benyounès, partisan de l'ouverture des capitaux des entreprises publiques et des banques publiques, de la réforme de l'école et du système bancaire, de la libération du foncier agricole des pesanteurs idéologiques, de la levée des entraves pour le foncier industriel, de la modernisation de l'administration, de la lutte contre la corruption et le commerce informel et de l'assainissement du climat des affaires, a plaidé pour des "réformes urgentes et profondes". "Il n'est pas possible que l'Etat continue à gérer des commerces, des hôtels et des bains maures", clame-t-il. Pour lui, le pays n'a plus le choix. "Il est clair que le pays n'a pas de choix. Hormis initier des réformes profondes et urgentes et que l'Etat prenne des décisions courageuses notamment dans les domaines économique et social", a-t-il soutenu, concédant que "l'application des réformes sera douloureuse sans aucun doute, mais si nous tardons pour leur application, les difficultés s'accumuleront (...) Si l'hésitation persiste et la situation financière se détériore davantage, il sera impossible d'éviter l'intervention du FMI", prévient-il. Karim Kebir