En dépit de l'illégalité de la procédure, y compris vis-à-vis de la Constitution de l'Etat hébreu et de l'opposition de la communauté internationale, la stratégie du gouvernement israélien visant à légaliser les colonies en territoires palestiniennes se poursuit. Rien ne semble pouvoir arrêter la droite israélienne dans son entreprise expansionniste pour annexer une large partie de territoires palestiniens grâce au projet de loi présenté à la Knesset, et qui a déjà passé un premier vote. Ni les condamnations de la communauté internationale ni les dispositions de la Constitution israélienne ne semblent décourager le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son chef de la diplomatie Avigdor Liebermann. Ils ignorent même la mise en garde du procureur général d'Israël, Avichai Mandelblit, qui a prévenu que le projet de loi était contraire au droit national et international, tout en indiquant qu'il ne pourrait pas le défendre devant la Cour suprême. Du côté de la communauté internationale, toutes les implantations civiles israéliennes sur des terres palestiniennes occupées sont illégales. Mieux, elle ne distingue pas entre celles reconnues ou non par la loi qu'Israël applique à la majorité de la Cisjordanie. Toutes les colonies sont pour elle un obstacle majeur à une paix qu'elle craint de plus en plus hors d'atteinte. L'on s'inquiète maintenant de la dynamique impulsée par le projet de loi en cours d'examen à la Knesset, porté par le lobby de la colonisation et soutenu par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui fait la part belle aux défenseurs des colons et aux adversaires d'un Etat palestinien indépendant. D'ailleurs, le texte a été approuvé dans la nuit de lundi à mardi au Parlement par 60 voix contre 49 dans le cadre d'un vote préliminaire, en attendant d'avoir force de loi. Pour cela il faudrait qu'il fasse l'objet de trois lectures parlementaires, puis probablement affronter un examen de constitutionnalité de la Cour suprême. En attendant, le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Nikolay Mladenov, a rappelé, dans un communiqué rendu public mardi, que si la loi est adoptée, "elle aura des conséquences légales considérables" et "réduira dans une large mesure les perspectives de paix arabo-israélienne". "Les colonies sont l'un des principaux obstacles à la paix", a-t-il martelé. De son côté, le secrétaire d'Etat US John Kerry a jugé "très inquiétante" la législation israélienne qui s'annonce. Le département d'Etat américain pense que le vote représenterait une "étape sans précédent et perturbante qui n'est pas cohérente avec l'avis juridique précédent d'Israël et brise également une politique israélienne de longue date pour ne pas construire sur des terrains palestiniens privés". Walid Assaf, le ministre palestinien suivant le dossier de la colonisation, estime quant à lui que c'est "la loi la plus dangereuse édictée par Israël depuis 1967", début de l'occupation de la Cisjordanie par Israël. Merzak Tigrine