Fermée par les employés depuis près d'un mois, l'entreprise de transport urbain et suburbain de la wilaya de Tamanrasset reste l'exemple d'une gestion chaotique des biens de l'Etat. La société est en totale déliquescence eu égard aux conditions dans lesquelles évolue son personnel et à l'état de son parc roulant dont une bonne partie est admise à la réforme. Mis en circulation depuis seulement 2012, date de la mise en service de l'entreprise qui peut être de toute vocation sauf celle des transports, six bus sur les dix existants sont en panne. Selon les grévistes, qui en appellent au ministre des Transports pour mettre fin à cette débandade, aucune mesure n'a été prise pour réparer les véhicules parqués, depuis deux ans pour certains d'entre eux, sur une aire qui ne répond à aucune norme de sécurité, du fait qu'elle est située dans un espace ouvert et à quelques dizaine de mètres seulement d'un stock d'insecticides et d'autres produits chimiques utilisés dans le cadre de la lutte antiacridienne. Les produits en question, a-t-on constaté sur place, représentent un réel danger pour les employés, qui mettent en garde contre les risques de graves pathologies auxquelles ils sont exposés quotidiennement. "Nous avons saisi l'inspection du Travail et les autorités de la wilaya à maintes reprises, toutefois, nos doléances semblent être tombées dans l'oreille d'un sourd", regrettent les grévistes plus que jamais déterminés à faire valoir leur plateforme de revendications composée de 14 points. Ils exigent une commission d'enquête pour faire toute la lumière sur les irrégularités enregistrées dans la gestion financière de l'entreprise et les graves dépassements de comptabilité. Les employés mécontents ne jurent que par le départ du directeur et du comptable qui, selon eux, sont pour beaucoup dans cette situation catastrophique. 35 travailleurs sur les 39 que compte l'entreprise, décident, aujourd'hui, de maintenir cette action de protestation jusqu'à satisfaction totale de leurs revendications. L'application des textes relatifs à l'abrogation de l'article 87 bis du code de travail, la nomination des contractuels, l'amendement de la convention collective, le versement des salaires suivant la grille appliquée et la mise en place d'un plan de transport urbain digne de ce nom, sont, entre autres, les points énumérés dans une lettre de doléances adressée par le syndicat de l'entreprise, fin octobre écoulé, à toutes les autorités concernées. La correspondance sonne comme un cri d'alarme à l'endroit des hautes autorités du pays mais aussi une dénonciation d'une négligence coupable et condamnable des responsables de ce secteur à Tamanrasset. Nous nous sommes rendus à la direction de l'entreprise pour avoir la version de l'administration. Cependant, des images atterrantes nous ont été offertes de prime abord. Le hall de l'entrée est occupé par un gros moteur d'un bus. Les bureaux attenants sont encombrés par des pièces de rechange et de petits outils à tel point que l'on se croirait dans un atelier de mécanique. Le directeur n'était pas là, mais le spectacle résume parfaitement le chaos et appuie indiscutablement la position de ses détracteurs. RABAH KARECHE