Comme prévu, le parti au pouvoir en Turquie a soumis hier au Parlement une proposition de réforme constitutionnelle pour renforcer les prérogatives du président Recep Tayyip Erdogan. Ce texte d'une vingtaine d'articles prévoit le transfert de l'essentiel du pouvoir exécutif du Premier ministre au président de la République, une fonction jusque-là essentiellement honorifique dans l'état actuel de la Constitution. Ne se contentant donc pas de ce rôle, Erdogan, qui a épuisé ses mandats de chef de gouvernement, a trouvé l'astuce pour continuer diriger la Turquie en modifiant la Constitution. "Nous allons présenter notre proposition de réforme de la Constitution demain à la Grande Assemblée nationale de Turquie", a déclaré vendredi le Premier ministre turc Binali Yildirim lors d'un discours à Zonguldak dans le nord du pays. Cette idée d'un renforcement d'Erdogan, qui inquiète ses opposants, qui l'accusent de dérive autoritaire, est défendue cependant par les dirigeants turcs, lesquels affirment qu'un tel système est nécessaire pour assurer la stabilité au sommet de l'Etat. Ces derniers justifient cela par le fait que la Turquie est confrontée à une situation sécuritaire instable, et connaît un ralentissement économique et mène une offensive militaire en Syrie. "Si Dieu le veut, le système présidentiel (...) va mettre fin à la période des coalitions" gouvernementales et doter la Turquie d'un "exécutif fort", a affirmé le Premier ministre turc. Ce texte doit recueillir l'aval d'au moins 330 députés sur les 550 que compte l'Assemblée pour pouvoir être soumis à un référendum. Et comme le parti au pouvoir AKP et la formation de droite nationaliste MHP, qui soutient le texte, totalisent ensemble 355 voix à l'hémicycle, il passera, sauf surprise, comme une lettre à la poste. La consultation populaire pourrait se tenir dès le mois de mars, selon le vice-Premier ministre Nurettin Canikli. Premier chef de l'Etat turc élu au suffrage universel, en 2014, Erdogan n'a eu de cesse d'exhorter le gouvernement à réformer la Constitution pour instaurer un système présidentiel, citant l'exemple de la France et des Etats-Unis. Merzak T.