L'amphithéâtre Saci-Benhamla de l'université 8-Mai-1945 de Guelma a abrité, hier, une communication intitulée "Immigration et Histoire" et animée par l'illustre historien français, Benjamin Stora, en présence d'un riche parterre d'universitaires, de professeurs, de chercheurs, d'étudiants et d'invités dont le consul général de France à Annaba et le directeur du Centre culturel français. D'emblée, le professeur à l'Université Paris XIII entre dans le vif du sujet : "Cette immigration a une dimension économique et sociale car le fossé Nord-Sud se creuse au fil des ans et les habitants des pays frappés par la misère veulent fuir pour un monde meilleur. Elle s'accélère en raison du bouleversement de l'échiquier politique et des questions d'ordre géopolitique, à l'image de l'effondrement des Etats d'Irak, de Syrie et de Libye. Selon les statistiques établies par les services de l'ONU, ce sont 6 millions de Syriens qui ont pris la route de l'exil, dont 1,5 million en Turquie, 1,4 au Liban, 400 000 en Tunisie, autant en Jordanie, etc. En 2015, plus d'un million de Syriens ont débarqué en Europe, via l'Allemagne qui leur avait ouvert ses frontières et l'ONU a recensé 65 millions de réfugiés dans le monde." Benjamin Stora souligne que l'immigration est également provoquée par le changement climatique qui affecte surtout les pays du Sahel où le désert s'intensifie en engendrant la sécheresse et la famine dans les contrées. Il évoque la politique prônée par le candidat US Donald Trump qui a remporté l'élection présidentielle en condamnant l'immigration clandestine et en promettant d'ériger un mur sur des milliers de kilomètres le long de la frontière avec le Mexique. Le conférencier poursuit : "De nombreux pays européens ont imité ce nouveau président et ont construit des murs en dur pour interdire l'accès à ces réfugiés. La ville française de Calais était devenue, ces derniers mois, un camp, une jungle où s'agglutinaient plus de dix milliers de réfugiés de diverses nationalités, et d'autres camps voient le jour, tel celui de Menton, près de la frontière italienne. Toutefois, le président du Conseil d'orientation de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration rappelle le flux migratoire des Algériens durant l'occupation, la guerre de Libération. Et plus tard, cette immigration a contribué à donner un autre visage de l'identité française qui a acquis une diversité qui fait sa richesse". Il a déploré les injustices que subissent les citoyens pauvres des pays du Sud qui sont condamnés à rester des assignés à résidence chez eux alors que ceux qui sont riches se permettent de franchir allègrement toutes les frontières ! Un riche débat a clôturé cette rencontre qui a obtenu le succès escompté. hamid Baâli