Pour Louisa Hanoune, la secrétaire générale du PT, "ce poison produit par un charlatan traduit le délitement de l'Etat". C'est peut-être l'un des grands scandales qui ont marqué l'année qui s'achève : la vente du produit présenté comme la panacée au diabète, une pathologie qui touche des milliers d'Algériens, par un prétendu médecin, et appelé Rahmat Rabi, dénomination à consonance religieuse. Pour Louisa Hanoune, la secrétaire générale du PT, "ce poison produit par un charlatan traduit le délitement de l'Etat". "Pourquoi le ministre a-t-il fait de la publicité à ce produit, en violation des normes et des textes, alors qu'il connaît ce charlatan ?", s'est interrogé, hier, Louisa Hanoune lors de la présentation du rapport politique en prélude à la réunion du bureau politique de son parti. Elle suggère que ce scandale charrie quelques connivences entre des milieux d'affaires et l'Etat, tout en instrumentalisant la religion. "Il faut que toute la lumière soit faite sur cette affaire immorale et ce charlatan doit restituer l'argent", a-t-elle réclamé, avant d'interpeller le président de la République car, soutient-elle, "il s'agit de la crédibilité de l'Etat". Qualifiant de "crime" ce scandale qui a suscité un tollé au sein de l'opinion publique nationale et qui a fait des victimes, parmi lesquelles trois personnes à Blida qui auraient perdu la vue, Louisa Hanoune a estimé qu'"un ministre qui encourage la vente d'un poison ne peut gérer le secteur, ni présenter un projet de loi sur la santé". Elle rappelle, d'ailleurs, dans le même contexte qu'un homme d'affaires "connu dans les travaux publics" dont elle évite soigneusement de révéler l'identité, mais donc tous ont conclu qu'il s'agit du patron du FCE, Ali Haddad, a bénéficié d'une autorisation pour importer du matériel de radiothérapie à travers une société "dans laquelle il représente l'Etat et des multinationales". "Il a fait sa société grâce à l'appui du ministre", a indiqué Louisa Hanoune en appelant à "l'ouverture d'une enquête". "Le secteur de la santé doit être géré par un professionnel", préconise-t-elle. Comme elle réitère son appel au retrait du projet de loi sanitaire, en examen à l'assemblée, car, selon elle, "il encourage la prédation au profit du secteur privé". Le ministre du Commerce, qui a annoncé récemment l'assainissement des dettes non recouvrables par le Trésor dont certaines remontent aux années soixante, n'a pas échappé au "procès" de Mme Hanoune. "Le ministre a parlé de chèques sans provision, il doit donner des noms. Il décide de tout effacer comme si c'est un héritage familial, mais c'est l'argent de la collectivité", a fulminé Louisa Hanoune en rappelant que l'Algérie compterait aujourd'hui 40 000 milliardaires alors qu'ils étaient seulement 5 000, il y a quelques années. "Pourquoi le gouvernement ne recouvre-t-il pas les impôts impayés ? Pourquoi refuse-t-il l'impôt sur la fortune", s'est-elle interrogée. Par ailleurs, Louisa Hanoune a estimé que le fiasco du dernier Forum africain d'investissements et d'affaires n'était pas le produit d'un "cafouillage organisationnel", mais se décline plutôt comme "l'expression de la caporalisation de l'Etat par l'oligarchie prédatrice". "Il lève le voile sur une réalité qui était claire pour nous depuis la fin de 2014 : l'émergence d'une oligarchie comme une force violente et prédatrice qui a mis en place un Etat parallèle", soutient-elle, en affirmant, là aussi, qu'elle "attend du président de la République des mesures à la hauteur de cet événement". "Ce qui s'est passé lors de ce Forum est inacceptable d'un point de vue patriotique et ne peut être considéré comme un événement marginal", dit-elle, non sans saluer, par ailleurs, le ministre des AE, Ramtane Lamamra. Karim Kebir Démenti Dans son article fort intéressant, du jeudi 15 décembre 2016 (page 3), sur le scandale sanitaire de Rahmat Rabbi, Mlle Ines Boukhalfa, journaliste à Liberté, affirme que la fille du ministre Ould Abbes est propriétaire de la pharmacie détenant des quantités interminables de ce "produit miracle ?". Je tiens à opposer un très ferme démenti à cette assertion. Et aucune de mes filles n'a de lien, ni de près ni de loin, avec le médicament. Et aucune ne possède de pharmacie. Il faut chercher ailleurs. Docteur Djamel Ould Abbes Ancien ministre de la Santé, de la Population et la Réforme hospitalière. Précision de "Liberté" En effet, il s'agit d'une méprise. Il ne s'agit pas de la fille de M. Djamel Ould Abbes, comme rapporté dans l'article, mais de la fille et du gendre de M. Mohamed Chérif Abbas, ancien ministre des Moudjahidine. Toutes nos excuses à M. Ould Abbes.