«Les victimes du scandale 'Rahmet Rabi'' doivent être indemnisées. La nouvelle loi sur la santé doit être retirée.» Plus pessimiste que jamais, la secrétaire générale du Parti des travailleurs Louisa Hanoune n'a épargné personne hier sur son passage à l'occasion de la présentation du rapport d'ouverture des travaux du bureau politique de son parti, réuni en session ordinaire à Alger. Après avoir noté avec regret la reconduction de la politique d'austérité pour 2017 et la non-prise de la moindre décision pouvant stopper la marche vers le chaos, Hanoune a mis en garde le gouvernement contre la colère des citoyens. «Si vous vous attendez à ce que les citoyens vont s'accommoder avec votre politique, vous vous trompez!». L'espoir que le président de la République intervienne pour recadrer les choses demeure toutefois entier pour la première Dame du PT. «Nous avons déjà interpellé le président pour intervenir, il ne l'a pas fait jusque-là, mais nous continuons toujours à l'interpeller pour faire une nouvelle lecture de la loi de finances 2017.» Parlant de la loi de finances, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, s'en est pris violemment au ministre des Finances Hadji Baba Ammi, lui reprochant notamment son immobilisme quant au recouvrement des impôts et droits de douanes impayés, sa connivence envers les personnes qui ont émis des chèques sans provision et surtout son refus de l'imposition de la taxe sur la fortune. «Le ministre des Finances doit rendre publics les noms des personnes ayant émis des chèques sans provision dont le montant a dépassé 100 milliards de DA et la liste des noms des 40 000 milliardaires qu'il a recensés.» Les citoyens, selon Hanoune, ont le droit de connaître les noms de ces personnes. S'attaquant ensuite à ce qu'elle appelle des scandales de la fin de l'année 2016, l'oratrice a cité en premier l'incident qui a marqué la tenue du Forum africain d'investissement et d'affaires organisé recemment par le FCE. «Cet incident n'était pas la conséquence d'un simple cafouillage, il est l'expression de la caporalisation de l'oligarchie pour les affaires politiques.» «Le FCE est devenu un gouvernement parallèle.» Avant de poursuivre «nous avons entendu les organisateurs de cet événement parler de la signature de 200 contrats au terme de ce forum. De qui se moquent-ils? Le continent africain est entre les mains des multinationales et de la Chine, il n'y a aucune opportunité d'investissement!». Et de trancher: «Les contrats paraphés durant ce forum sont des transactions de dupes!». Les chefs d'entreprise qui avancent l'option de recours de l'Etat à l'endettement extérieur pour financer la réalisation de ces projets veulent permettre au FMI et la BM de s'ingérer de nouveau dans les affaires internes de l'Algérie», martèle Hanoune, ajoutant que cette «logique est mortelle». Le scandale du médicament «Rahmet Rabi» est l'oeuvre du ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf. «Celui-ci assume l'entière responsabilité de ce qui s'est passé. C'est lui qui avait fait de la publicité pour ce fabricant charlatan, alors qu'il savait qu'il n'était ni médecin ni chercheur ni rien du tout.» «Le ministre de la Santé n'est pas à son premier tort. Il a déjà été à l'origine d'un autre scandale quand il avait accordé le marché de l'importation d'équipement médical pour un entrepreneur dans le domaine du bâtiment et des travaux publics». «Les victimes du scandale Rahmet Rabi'' qui n'a pas encore livré tous ses secrets, doivent être indemnisées et le président de la République doit intervenir pour sanctionner l'auteur et ses complices, et retirer la nouvelle loi sur la santé actuellement en débat au Parlement», dira la leader du PT. L'autre scandale qui a marqué la fin de l'année 2016, de l'avis de la conférencière, est le retour de Chakib Khelil sur la scène. «Ce personnage dont la place est normalement devant les juges, est en train d'animer librement des conférences dans des auditoriums des universités devant des étudiants!» «Qui lui délivre des autorisations, sachant que la tenue des conférences est interdite à l'intérieur des universités par une loi ministérielle?». Chakib Khelil que Hanoune surnomme le «Terminator» est en train de faire «dans la provocation immorale». Abordant en outre, la question du mauvais traitement des réfugiés par les autorités algériennes ayant fait l'objet de dénonciation de plusieurs ONG, la chef du PT dira que «ce qui s'est passé est la conséquence de la politique d'austérité. Cette dernière a amené le gouvernement à renoncer aux principes de la solidarité, l'hospitalité et la compassion autrefois sacrés». Evoquant en dernier, le décès du journaliste Mohamed Tamalt, dans la prison, Hanoune dira que «c'est une tragédie». «L'emprisonnement des journalistes est banni par la nouvelle Constitution. Le président de la République a toujours été contre l'emprisonnement des journalistes pour leurs idées». «Ceux qui sont derrière l'emprisonnement des journalistes sont irresponsables et manquent d'intelligence»,déplore-t-elle, invitant le président de la République à intervenir, afin de libérer le journaliste Mohamed Bouras se trouvant en ce moment en prison.