Le nombre des étrangers en Algérie a atteint 270 000, dont 68% sont des réfugiés. Le pays a, par ailleurs, enregistré une forte augmentation de migrants économiques (77 000 personnes), soit 0,75% des actifs, la plupart des migrants quittant leur pays d'origine pour des raisons économiques. À l'échelle mondiale, les services des Nations unies estiment qu'il y a 243 millions de migrants dont 177 millions de femmes, soit 48,2%. Mohamed Saïd Musette, directeur de recherche au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), évoque le sujet des migrations, rappelant une kyrielle de notions sociales qui s'y rapportent telles que l'ethnie, la nationalité, l'origine, l'égalité... L'égalité, pour l'exemple, est un principe adopté partout dans le monde. L'égalité des hommes et des femmes (le "gender-gap") peut être mesurée à travers plusieurs indicateurs. Celui de l'Algérie est mesuré par plusieurs institutions. En rapport avec les migrations internationales, ce gap reste, en fait, à mesurer, notamment en rapport avec les engagements internationaux pris par le pays. La mesure des distinctions entre les deux sexes se fait au niveau international sur la base d'une série d'indicateurs autour de quatre axes : politique, économique, éducation et santé par le World economique forum. Dans le dernier rapport 2016, l'Algérie est classée au 120e rang sur 144 pays dans le monde, souligne M. Musette. L'expert indique, par ailleurs, que le Cread vient d'engager une convention de recherche avec l'Université de Berlin (Allemagne) pour des échanges en matière de migrations internationales, ajoutant que les rapports entre "genre et migration" ne sont pas totalement méconnus. C'est un chantier complexe qui appelle une démarche pluridisciplinaire mobilisant tous les acteurs intervenant dans la gestion des migrations internationales. Mohamed Saïd Musette estime que l'on doit marquer une pause à l'occasion de la Journée internationale des migrants, pour réfléchir sur une approche intégrée au plan local. Et d'expliquer : "La conjoncture internationale reste marquée par des événements qui nous interpellent pour engager un travail de longue haleine et d'observation permanente des politiques, des stratégies et des pratiques mises en œuvre dans le respect des droits humains des migrants algériens à l'étranger mais aussi des étrangers en Algérie. Cette vision globale marque l'originalité de notre approche." L'expert rappelle les propos du secrétaire général des Nations unies, dans son message, à l'occasion de cette journée. Il y est noté qu'il est maintenant essentiel que "les gouvernements honorent leurs engagements et s'attachent à gérer les déplacements massifs de réfugiés et de migrants avec bienveillance, en mettant l'accent sur l'être humain, l'égalité des sexes et les droits de l'homme". "Les migrants, y est-il ajouté, sont des êtres humains dotés de droits. La protection et le respect de ces droits et des libertés fondamentales de tous les migrants, quel que soit leur statut, sont au cœur même de la Déclaration de New York ." (Nations unies, 2016). Youcef Salami