Alors qu'une équipe d'enquêteurs russes est arrivée à Ankara, les autorités turques ont interpellé, hier, six proches du policier qui a tué, la veille, à bout portant, l'ambassadeur de Russie, lors de l'inauguration d'une exposition de photos dans la capitale turque. C'est dire la prestance du gouvernement turc à montrer patte blanche face à la Russie pour éviter une éventuelle brouille des rapports entre les deux pays, qui ont frôlé la rupture totale suite à l'incident de l'avion de chasse russe abattu par l'aviation turque en novembre 2015. Fait inédit, la Turquie a accepté la participation de 18 enquêteurs, agents des services secrets et diplomates russes aux investigations. D'ailleurs, la délégation russe a pris part à l'autopsie du corps de l'ambassadeur à Ankara, ont indiqué les médias turcs hier. "Nous devons savoir qui a guidé la main du tueur", a déclaré le président russe Vladimir Poutine. Selon l'agence de presse Dogan, six personnes, dont les parents et la sœur du tueur, sont en garde à vue depuis hier à Aydin, ville de l'ouest de la Turquie, dont était originaire le tireur. Mais, ce qui fait le plus débat, c'est l'avenir des relations entre Ankara et Moscou. Les dirigeants des deux pays ont dénoncé une "provocation" visant à saboter leurs liens. Le Premier ministre turc Binali Yildirim n'a, d'ailleurs, pas hésité à dire hier que "ceux qui ont commis cette lâche attaque n'arriveront pas à nuire à nos relations". Cela étant, les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et russe Vladimir Poutine ont dénoncé une "provocation" visant à torpiller le réchauffement des relations entre leurs deux pays et se sont mis d'accord pour poursuivre la coopération, y compris sur la Syrie. En outre, les autorités russes et turques ont décidé de maintenir une réunion sur la Syrie qui réunissait, hier à Moscou, les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de la Turquie et de l'Iran. Ankara et Moscou ont exprimé la volonté de renforcer leur coopération, notamment sur la question syrienne, le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, affirmant hier que l'objectif était de terminer l'évacuation d'Alep "d'ici à demain". À noter également les déclarations du chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, qui a affirmé que l'assassinat de l'ambassadeur russe en Turquie, Andreï Karlov, avait pour objectif de "saper la normalisation des relations russo-turques et empêcher la lutte contre le terrorisme en Syrie", précisant, cependant, que "les moyens pour l'atteindre sont mauvais, ‘impossible d'y parvenir'". Quant au porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, il a estimé que "sur fond d'une telle provocation, la seule chose raisonnable que notre pays et la Turquie peuvent faire est de devenir plus proches et s'unir pour agir d'une manière efficace contre ceux qui sont derrière la provocation". "Cela profite à ceux qui cherchent à enfoncer un coin entre Moscou et Ankara et empêcher la normalisation des relations entre la Russie et la Turquie sur le plan bilatéral, ainsi que pour ce qui concerne le règlement du conflit en Syrie." Il y a lieu de signaler, enfin, que les autorités turques ont déployé des policiers supplémentaires et des camions équipés de lances à eau pour renforcer la sécurité autour de l'ambassade de Russie. Merzak Tigrine