Lors de l'inauguration d'une exposition de photos, l'ambassadeur russe à Ankara, Andreï Karlov, a été assassiné, lundi soir, par balles par un policier qui n'était pas en service, Mevlüt Mert Altintas, avant d'être abattu par les forces d'intervention spéciales de la police. Cet événement tragique a été suivi, quelques heures seulement après, par des tirs contre l'ambassade américaine. Le crime « au nom d'Alep », unanimement condamné par la communauté internationale, et l'attaque armée de la représentation américaine constituent-ils une simple coïncidence ou des actions planifiées ? La thèse de la « provocation » a été avancée par les présidents russe et turc, convaincus du torpillage du réchauffement des relations entre les deux pays. Particulièrement ciblé par une vague d'attentats, Ankara s'est investie pleinement dans le dénouement de la tragédie d'Alep, en jouant un rôle significatif dans la conclusion de l'accord d'évacuation. Par-delà les divergences sur le sort de Bachar Al Assad, la normalisation entre la Turquie et la Russie s'est nettement concrétisée dans ce que leurs adversaires occidentaux ont qualifié d'« accord secret » réfuté par Moscou et Ankara résolus à maintenir leur coopération lors de la réunion sur la Syrie qui devait se tenir, à Moscou, entre les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de la Turquie et de l'Iran, au lendemain de l'assassinat de l'ambassadeur russe. « J'espère que nos pourparlers, ainsi que la prochaine rencontre tripartite avec notre homologue iranien permettront d'aboutir à des accords qui vont faire avancer le processus de règlement syrien mais sans faire de concessions quelconques aux terroristes », a souligné le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, accueillant son homologie tuc, Mevlut Cavusoglu, réitérant de son côté la volonté de la Turquie de « poursuivre le travail commun sur le règlement politique en Syrie, tout comme sur le développement de l'ensemble des relations bilatérales ». Il s'agit de faire échec à la tentative visant à « porter préjudice aux relations russo-turques et de compromettre les progrès qu'on avait atteints par nos efforts communs ces derniers temps ». Plus que jamais unis par la tragédie d'Ankara, les deux partenaires conjuguent leurs efforts pour lever le voile sur un crime qui, selon Poutine, « peut y avoir seulement une réponse à cela : intensifier la lutte contre le terrorisme ». Hier, un groupe de dix-huit enquêteurs, agents des services secrets et diplomates russes a atterri à Ankara. Selon l'agence de presse turque Dogan, six personnes proches de l'auteur des coups de feu, Mevlüt Mert Altintas, ont été arrêtées et placées en garde à vue à Aydin, ville de l'ouest de la Turquie dont était originaire le tireur. A Alep, le processus d'évacuation bat son plein. Au moins 25.000 civils et rebelles sont déjà sortis du réduit depuis le début des opérations commencées il y a cinq jours, a affirmé hier une porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge, Ingy Sedky. L'Organisation mondiale de la santé qui se dit « impressionnée par le soutien fourni par la Russie à un moment où les citoyens syriens en avaient le plus besoin », considère que l'évacuation des milliers de personnes prendra encore quelques jours. Fini le drame d'Alep ? Sorti victorieux, Bachar Al Assad presse les rebelles de quitter Alep pour « nettoyer la zone après la sortie des hommes armés ». A la faveur de ces développements, l'émissaire des Nations unies, Staffan de Mistura, a annoncé la reprise des négociations à Genève le 8 février 2017.