Samedi dernier à la galerie d'art Dar El-Kenz, la doyenne des femmes peintres algériennes, Souhila Belbahar, a présenté l'exposition "Symphonie picturale", qui se tient depuis le 17 décembre jusqu'au 5 janvier, réunissant une trentaine de tableaux, aussi beaux les uns que les autres, dans lesquels l'artiste reprend ses fameuses "femmes-pétales". Exaltation de la nature, célébration de la féminité et de la maternité et fierté des traditions, c'est un monde qui invite à l'évasion et à la rêverie qu'offre Belbahar à qui sait saisir l'essence et le sens de ces œuvres, réalisées sur plusieurs décennies. Car les toiles de ce vernissage regroupent des tableaux faits par l'artiste il y a plusieurs années et d'autres, repris récemment, auxquels elle aura incorporé de nouvelles techniques, une nouvelle vision du monde et une nouvelle sensibilité artistique. À travers ces toiles, nous constatons l'évolution picturale de la peintre, notamment en ce qui concerne sa "femme-pétale". Si au début les lignes et les couleurs sont épurées, un grand changement s'opérera dans celles réalisées plus récemment, où l'artiste achève la métamorphose de ses splendides créatures. Les couleurs, notamment le vert, le rouge et le violet, sont omniprésentes, le visage des "femmes-pétales" est dessiné avec plus de grâce, leurs silhouettes, plus épanouies, appellent à la contemplation. À l'instar du tableau Femme-pétale, Mademoiselle Lilas, réalisé en 2014, qui met en scène une créature mi-femme, mi-fleur, au port de tête altier, affichant avec une grande exubérante ses "pétales", à la manière d'un paon déployant ses plumes. Réalisée essentiellement avec des tons dorés et argentés, Femme-pétale composition est un tableau différent par sa technique et sa mise en forme, car composé de quatre mini-toiles, sous un trait tantôt simple, spontané, tantôt plus travaillé avec des figures géométriques, reprenant chacune une femme, cajolée dans un nuage de verdure. Dans d'autres tableaux, Belbahar tient son inspiration de nos traditions d'antan, comme dans Il pleut des jasmins sur Alger v2, une toile qui aura conquis toute l'assistance présente ce jour-là. Et pour cause, ce tableau renferme sans conteste toute la sensibilité et le talent de la peintre, qui aura fusionné, avec la plus grande délicatesse, traditions, divinité et beauté, en mettant en scène une nymphe affublée d'un karakou, assise sur un tapis, dans un jardin féerique où pleuvent des jasmins. Cette femme-déesse nous dévoile, avec une pointe d'insolence, un visage aux traits symétriques et des lèvres rouges dessinées à la perfection. Il est clair que les divinités occupent une grande place dans les créations de Souhila Belbahar : la maternité, la nature, la beauté, chacune de ses toiles représente une entité de la féminité. À l'image du Femme-pétale maternité, où une figure féminine accroupie, dévoilant de fins mollets et enlaçant, de ses bras, son petit pétale qui vient de voir le jour. Un hymne à la vie, à la naissance et à l'amour, voilà ce que nous propose Belbahar à travers des toiles, à la fois mesurées, exubérantes, mais qui restent authentiques, car faites avec amour. Yasmine Azzouz