"C'est malheureux que nous soyons toujours obligés de répondre sous la pression, alors que nous aurions pu régler ce type de problèmes par une concertation", a déploré le SG du Conseil des lycées d'Algérie. Nombreux sont les syndicats du secteur de l'éducation qui ont dénoncé l'unilatéralisme et l'improvisation dans la décision de la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, concernant les décisions contradictoires qui ont consisté à écourter de 5 jours les vacances scolaires dans un premier temps avant de se rétracter et les fixer à 18 jours, sous la pression de la rue. Le coordinateur du Syndicat national des enseignants de l'enseignement supérieur et technique (Snapest), Meziane Mériane, a jugé que "c'est pour la première ou la deuxième fois, que ce sont des décisions irréfléchies". Il a expliqué que "les dix jours de vacances qui étaient prévues au début étaient anti-pédagogiques. Puisque c'est le trimestre le plus long, les élèves doivent avoir plus de repos. Mais une fois que la décision a été prise de les prolonger, il fallait la communiquer aux élèves". Et de rappeler que "la décision a été prise unilatéralement mardi après-midi, et que, hier matin, des élèves se sont présentés devant les portes des écoles, malgré la pluie et le froid, parce que la décision était entourée de flou". S'agissant ensuite de la "main étrangère" évoquée par un conseiller de la ministre, s'agissant du mouvement des lycéens et des collégiens, M. Mériane a qualifié de "dramatique" ces propos, indiquant que "nous sommes responsables de nos actes, et il ne faut pas, à chaque fois, évoquer la main de l'étranger. Et si main de l'étranger il y a, elle est la conséquence, et non pas la cause". "La cause, ce sont des décisions irréfléchies qui mènent parfois à certains dérapages", poursuit-il. Pour sa part, Idir Achour, secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie, a considéré que "prolonger les vacances scolaires est une bonne décision, comparativement à la première qui était de les réduire". Pour lui, "la ministre est en train de rectifier le tir. Avant, c'était l'intervention de la main étrangère, et maintenant, c'est la main de l'intérieur qui corrige", a-t-il ironisé. Sinon, ce qui est désolant, selon lui, c'est la façon avec laquelle les décisions sont prises, à savoir unilatéralement. "Il est malheureux que nous soyons toujours obligés de répondre sous la pression, alors que nous aurions pu régler ce type de problèmes par une concertation." S'exprimant à son tour, le secrétaire général du Syndicat algérien des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, a estimé que "le ministère agit toujours dans la précipitation", précisant que "nous savons aussi que ce n'est pas vraiment la ministre qui est mise en cause dans la réduction des vacances d'hiver, mais le gouvernement qui cherche la paix sociale". Notre interlocuteur a témoigné que la décision a perturbé le calendrier des conseils de classe et que, au primaire, les directeurs n'ont pas encore remis les livrets scolaires aux élèves. "À travers cette décision, le gouvernement cherche la paix sociale, mais il navigue à vue, sans projection, ni analyse", a-t-il accusé, ajoutant qu'"il est malheureux que pour être écouté, il faille sortir dans la rue et faire de la casse". En relevant "le caractère improvisé et unilatéral" de la décision prise par la ministre de l'Education, qui n'a pas consulté les partenaires sociaux auxquels elle est liée par une charte d'éthique, le secrétaire général de l'Union nationale des professeurs d'enseignement et de la formation (Unpef), Sadek Dziri, a déploré "l'absence d'une consultation au préalable des premiers concernés, que sont les élèves, pour assurer la réussite de cette décision". Il a dénoncé dans les propos sur la main de l'étranger "la politique de fuite en avant", invitant "celui qui a des preuves sur ceux qui manipulent, qu'il les présente devant la justice". Les associations des parents d'élèves partagent aussi le même souci d'absence de communication avec les premiers concernés, à savoir les élèves et leurs parents. En dénonçant énergiquement qu'"on en arrive à ce que ce soit la rue qui décide", la Fédération des parents d'élèves de la wilaya de Tizi Ouzou, présidée par Ali Lahcène, estime que "ce n'est pas normal que les parents d'élèves soient complètement absents de la décision à l'échelle locale ou nationale". Selon lui, pour toute décision les concernant, il fallait engager une discussion avec les élèves, les délégués de classe et les syndicats estudiantins. Amar R.