FLN : «Rejet de l'expression des préoccupations par la violence» Le secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem a appelé les forces politiques et les organisations de la société civile à saisir les voies du dialogue et de la médiation pour faire entendre les préoccupations des citoyens. Dans une allocution prononcée samedi, lors d'une réunion de l'instance de coordination du FLN, M. Belkhadem a exprimé le «ferme rejet» par son parti de l'intrusion dans les rangs des citoyens qui expriment leur préoccupation «d'agresseurs contre les biens publics et privés» à des fins de pillage et de vandalisme. Soulignant à cette occasion que son parti «soutenait» la liberté d'expression et la protestation qui doit se faire «de manière pacifique et civique et non par la violence, le vandalisme et le pillage de biens». Pour le patron du FLN, «il est important de valoriser les aspects positifs et de traiter les aspects négatifs de manière pacifique», tout en indiquant que son parti avait mis sur pied depuis le début de ces évènements une cellule de suivi pour donner les instructions aux responsables des mouhafadate et des kasmas pour calmer la situation, faire face aux rumeurs visant à «ternir l'image de l'Algérie à l'intérieur et à l'extérieur» et sensibiliser les jeunes à la nécessité de s'éloigner des actes de vandalisme et de pillage. M. Belkhadem a estimé que ces actes «visent l'Algérie car les manifestants n'ont scandé aucun slogan qu'ils soit politique ou non mais ont plutôt entonné des chants qu'on a l'habitude d'entendre dans les stades». RND : «Certains lobbies de la spéculation sont derrière cette situation» Le Rassemblement national démocratique (RND) a exprimé ses «profonds regrets» et son «indignation» suite aux événements et aux dégâts subis pas plusieurs infrastructures publiques et privées. Le porte-parole du RND, Miloud Chorfi a dénoncé les «provocations de certains lobbies de la spéculation» qui, a-t-il dit, «sont derrière cette situation et ne ratent jamais une occasion pour pêcher en eaux troubles » Ces lobbies, a-t-il ajouté, profitent de la situation «en manipulant les jeunes et en jouant du pouvoir d'achat des citoyens pour préserver leurs intérêts ayant pâti des nouvelles mesures gouvernementales visant à organiser le marché et à préserver et protéger l'économie nationale». Après avoir qualifié ces comportements d'«immoraux», le porte-parole du RND a appelé les jeunes à «la raison, à la clairvoyance et à la vigilance pour ne pas succomber aux provocations de ces parties et leur barrer la route». M. Chorfi a, par ailleurs, souligné que son parti «met en garde tous les manipulateurs contre les graves répercussions de leurs agissements», affirmant la détermination du gouvernement à veiller au règlement de cette situation de manière appropriée. PT : «L'Etat doit enregistrer ces protestations comme un SOS» La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune a appelé de son côté à ouvrir des canaux de communication et de dialogue avec les jeunes pour être à leur écoute. Le «déficit» de communication entre les canaux officiels et les médias lourds et les jeunes est «un véritable danger pour la stabilité du pays», a-telle estimé dans une allocution prononcée à l'ouverture d'une session extraordinaire du bureau politique du parti. «L'absence totale de communication avec les jeunes a exacerbé leur sentiment d''inconfiance' et d'appréhension quant à l'avenir» a estimé la responsable du PT. Soulignant à ce propos la nécessité d'être à l'écoute de cette frange de la société et de répondre à ses attentes «afin de restaurer sa confiance et de l'apaiser». Elle a, dans ce contexte, appelé les institutions concernées à parler aux jeunes et à leur communiquer les chiffres réels concernant les emplois qui leur seront offerts au niveau de chaque secteur. Elle a, dans ce sens, appelé à accélérer la mise en oeuvre des plans de soutien aux entreprises. Elle a aussi exhorté la Télévision nationale à donner la parole aux jeunes et à couvrir toutes les protestations. «Ceci voudra dire que l'Etat leur tend la main et qu'il cherche des solutions à leurs problèmes», a-t-elle estimé. Qualifiant de «soulèvement» des jeunes les évènements en question, elle relève que le traitement «ne concerne pas seulement le ministère du Commerce, mais l'ensemble du gouvernement qui est appelé à ouvrir la porte du dialogue autour de toutes les mesures pouvant être prises afin d'améliorer les conditions socioprofessionnelles». Elle a, à cet effet, appelé à la création d'offices des produits vitaux subventionnés par l'Etat. Elle a en outre appelé à accorder aux jeunes sans emploi une allocation chômage qui «ne soit pas inférieure à la moitié du salaire national minimum garanti (SNMG)», proposant d'accélérer l'élaboration d'une loi de finances complémentaire 2011 prévoyant cette allocation, ainsi que d'autres mesures qui concrétisent le monopole de l'Etat sur les matières premières importées. Pour elle «Les jeunes ne sont pas sortis dans la rue à cause de la hausse des prix de l'huile et du sucre mais en raison de l'accumulation de leurs problèmes, dont le chômage et la crise du logement», qualifiant les récentes hausses des prix de certains produits de première consommation de «provocations» et de «hausses criminelles». Rappelant par la même occasion que «les séquelles du redressement structurel et de la tragédie nationale sont toujours présentes», elle souligne la nécessité de saisir les messages adressés par les jeunes à travers leur soulèvement, estimant que cette frange «est la moins bien lotie dans la société et la plus inquiète pour son avenir». MSP : «Atténuer les tensions sociales» Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a appelé le gouvernement, les partenaires sociaux et les associations de protection du consommateur à «atténuer les tensions sociales» à travers des mesures urgentes dont « e plafonnement des prix» des produits de large consommation. Déplorant le saccage des biens publics et privés, le MSP a mis en garde, , contre «les dérapages» en évitant la manipulation politique par certaines parties habituées à investir dans les crises. Il a également appelé au «calme et à la retenue tout en privilégiant un large dialogue social comme moyen de résolution des différents problèmes». Le MSP a, dans ce sens, exhorté les institutions officielles et sociales à «prendre davantage en charge les préoccupations des citoyens, des catégories vulnérables de la société et à assurer la protection des jeunes contre les tentatives de manipulation politique» Le parti a, par ailleurs, rappelé «son attachement au dialogue et aux voies pacifiques pour le règlement des conflits sociaux en rejetant la violence sous aucun prétexte». Le MSP a, dans le même ordre d'idées, préconisé «un traitement politique global de la situation sociale» et de préciser «tout en mettant un terme aux pratiques de monopole dans le cadre du processus de développement engagé par l'Etat algérien depuis une décennie qui a permis de relever le défi des infrastructures de base dans la perspective de retombées positives sur les citoyens et leur niveau de vie». RCD : «Des manipulations récurrentes sont signalées» Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a estimé, pour sa part, que «ces manifestations décrites à juste titre, comme la conséquence d'une inflation débridée, connaissent aussi des raisons plus profondes». Le RCD a relevé que «la fermeture de tout espace d'expression et d'organisation autonomes ne laisse que l'émeute et la rue comme moyen et place pour la contestation» alors que des «manipulations récurrentes sont signalées», portant la marque «d'acteurs menacés dans leurs intérêts et leur confort». FFS : «Contre les risques de dérapages violents» Le Front des forces socialistes (FFS) a exprimé sa préoccupation «devant la persistance des troubles dans le pays». Les dernières augmentations de prix «ont exacerbé les sentiments d'insécurité et de peur chez beaucoup d'Algériens et d'Algériennes», a-t-il estimé, relevant que «ce n'est pas la faim qui pousse ces très jeunes gens dans la rue». Le FFS a plaidé pour la prise de «mesures d'ouverture politique» portant sur «la levée de l'état d'urgence, le rétablissement des libertés civiles, l'ouverture du champ médiatique et la garantie des droits d'association et de manifestation», et mis en garde contre les risques de «dérapages violents». La CNCPPDH «prend acte des émeutes engagées par une jeunesse désespérée» La Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) a qualifié, de «contraires aux droits de l'homme» les actes de violence enregistrés lors du mouvement de protestation dans plusieurs villes du pays. La CNCPPDH «prend acte des émeutes engagées par une jeunesse désespérée en proie à la mal- vie et au chômage et qui ont affecté les grandes villes du pays». «Mais aussi légitimes que soient les motifs apportés à ces manifestations, ils ne sauraient justifiés de l'usage de la violence et des exactions à l'encontre des édifices publics qui symbolisent l'Etat et des commerces appartenant à des particuliers», a souligné la commission. La CNCPPDH rappellera «avec détermination» que les actes de violence «sont contraires aux droits de l'homme et qu'ils retardent l'édification de l'Etat de droit à laquelle aspire précisément cette jeunesse qu'il faut délivrer sans délai de la souffrance sociale qui l'habite depuis des décennies et qui n'a pas encore rencontré toute sa médication», indique la CNCPPDH.