C'est choquant de le dire, mais Constantine est... toujours aussi sale. Car malgré les 140 milliards de centimes injectés, en 2016, dans "l'espoir" de nettoyer la ville de ses immondices, cette dernière continue à entretenir son image de ville crasseuse, que ce soit dans les restaurants, dans les rues, autour des établissements scolaires, etc. Certes, il existe des quartiers et certaines cités — la cité du 20-Août notamment — où la population tente, avec ses propres moyens, dans la majorité des cas, d'assainir son cadre de vie, cependant l'insalubrité est devenue quasi culturelle. En effet, les quartiers les plus fréquentés de la ville, entre autres, l'avenue Belouizdad, Abane-Ramdane et Larbi-Ben M'hidi, défient les normes les plus élémentaires de l'hygiène. Des sachets en plastique emportés par le vent dans toutes les directions, des sacs-poubelles éventrés en pleine rue, des trottoirs endommagés à perte de vue à cause de travaux mal faits, des fuites d'eau surgissant d'un peu partout, etc. La vieille ville est, quant à elle, le temple des odeurs nauséabondes où la saleté s'épanouit allégrement, sous le regard indifférent des autorités locales trop occupées à se placer dans les premières places sur les listes électorales pour les prochaines législatives. La ville avait pourtant eu la possibilité et l'occasion d'en finir avec sa hideuse image après sa désignation "Capitale culturelle arabe 2015". "Ainsi, ferons-nous de Constantine une ville propre", n'ont cessé de marteler les walis qui se sont succédé à la tête de Constantine depuis plusieurs années. Résultat : la saleté l'emporte. En effet, selon des sources au fait du dossier, une enveloppe financière estimée à 140 milliards de centimes a été allouée à cet effet par l'APC de Constantine au profit de 27 entreprises industrielles et commerciales (Epic), un nouveau concept créé récemment par le gouvernement, pour le nettoyage et l'aménagement des cités et des espaces verts, l'éclairage public... Toujours selon la même source, 60 milliards de la somme globale déboursée par l'APC était destinée à une société publique affiliée à une holding, laquelle emploie environ 400 ouvriers et s'occupe de pas moins de 70% des projets dans la commune. L'entreprise publique de nettoyage de l'APC a, quant à elle, bénéficié d'une somme de 54 milliards de centimes. Cette dernière emploie 950 agents et ne s'occupe réellement que de 5% des projets inscrits dans l'opération. Les petites entreprises créées dans le cadre de l'Ansej ont eu 12 milliards de centimes alors que 5 milliards sont allés à l'entreprise publique de nettoyage de la wilaya, et enfin 10 milliards de centimes au centre d'enfouissement technique. Ce qui incite à se poser beaucoup de questions concernant la gestion de ce dossier. Si la wilaya de Constantine n'arrive pas à bien gérer la propreté de la ville, "comment pourrait-elle résoudre d'autres problèmes liés, entre autres, à la sécurité des citoyens ?", s'interroge un employé de l'APC. Un autre trouve "aberrant" que des sommes colossales soient injectées dans des projets qui peinent à voir le jour, pour ne pas dire "fictifs" tout en se demandant "s'il ne s'agirait pas finalement d'un modus operandi pour détourner l'argent public ?". Aujourd'hui, la ville de Constantine continue à croupir dans la saleté. Ines BOUKHALFA