Dans cet entretien, le délégué permanent de l'Algérie auprès de la ligue, Abdelkader Hadjar, revient sur les différents projets et résolutions examinés et adoptés lors de la réunion des experts présidée par notre pays. Liberté : Quelle évaluation faites-vous de la préparation de la 17e édition du Sommet arabe qui aura lieu les 22 et 23 mars prochains à Alger ? Abdelkader Hadjar : L'évaluation pourrait se faire sous trois angles. Le premier a trait à la préparation matérielle avec la mise sur pied d'une commission nationale présidée par le Chef du gouvernement. Ce qui démontre l'importance qu'accorde à ce sommet l'Algérie qui a de l'expérience et des moyens. Le deuxième angle est celui relatif à la préparation d'un environnement propice pour la tenue de cette rencontre afin de lui garantir des chances de réussite, et ce, à travers le travail fait personnellement par le Président qui s'est entretenu directement avec les chefs d'Etat arabes et par le biais aussi des envoyés spéciaux. Il est important de souligner que les invitations adressées par le Président à ses homologues ont été transmises par le deuxième homme dans la hiérarchie de l'Etat, à savoir, le frère Abdelkader Bensalah. Autrefois, c'étaient des ministres dont les secteurs n'avaient rien à voir avec le travail diplomatique qui étaient envoyés pour transmettre des invitations. Le troisième et dernier angle sous lequel on pourrait évaluer les préparatifs de ce sommet est le travail diplomatique réalisé par les ambassadeurs de l'Algérie dans les pays arabes et, notamment au sein de la Ligue arabe. Il y a aussi l'activité du ministre des Affaires étrangères et du délégué permanent de l'Algérie au sein de la ligue. Quels sont les résolutions et projets adoptés par les délégués permanents et qui seront soumis au Sommet des chefs d'Etat ? Lors du dernier sommet de Tunis, il a été décidé d'opter pour la réforme de la Ligue arabe et d'introduire des amendements dans la Charte de cette structure. Le secrétariat général avait demandé à tous les pays arabes de présenter leurs propositions par écrit, ce qui a été fait. L'Algérie a soumis ces propositions qui concernent le fonctionnement et les structures de la Ligue arabe en vue de les réactiver, dont la question du mode de vote, le mécanisme de suivi, le Parlement, le conseil de sécurité et la cour de justice arabes, sans oublier le principe de l'alternance au poste de secrétaire général de la ligue. D'autres pays ont présenté leurs propositions d'amendements étudiées par les délégués permanents puis par les ministres des Affaires étrangères et enfin par la “réunion de l'hôtel Hilton” sous la présidence de l'Algérie et qui s'est achevée jeudi dernier. En dépit de quelques divergences de vue et parfois d'avis contradictoires entre les pays arabes, nous sommes arrivés, après cette réunion d'Alger, à adopter l'ordre du jour composé de dix-sept points. Comme il a été convenu de présenter des projets de décisions concernant certaines questions importantes. Pouvez-vous être plus explicite ? Je cite et j'explique ces projets. Il y a d'abord le mécanisme de vote : l'ancienne Charte stipule que toutes les décisions sont prises par consensus et ce, à tous les niveaux. Maintenant, c'est encore par consensus, sauf si celui-ci est impossible à obtenir. Dans ce cas, on opte pour la majorité qualifiée des deux tiers pour les questions politiques et stratégiques, et pour le 50%+1 pour les questions de fonctionnement. Lors de ce Sommet, les ministres des Affaires étrangères seront chargés de définir et fixer la liste des questions stratégiques et celles de fonctionnement et des formalités. Le deuxième projet a trait au mécanisme de suivi : ce point ne figure pas dans la Charte de la ligue. Cette option a été expérimentée lors du sommet de Tunis en mettant en place une structure ouverte à tous les ministres des Affaires étrangères. Mais pour cette fois-ci, il a été décidé la création d'une “troïka” composée de trois pays : ceux ayant assuré la présidence précédente, l'actuelle et la future à laquelle il faut ajouter le secrétaire général, sous la présidence de l'Algérie. Ce mécanisme des prérogatives de suivi d'application, de mise en œuvre des décisions prises au niveau du sommet peut aussi intervenir à chaque fois qu'un litige, problème ou conflit surgit sur la scène arabe. Le troisième point est relatif à la création d'un Parlement arabe. Il sera provisoire pendant cinq ans, avec quatre représentants pour chaque pays, son siège sera à Damas. Ce Parlement est chargé de préparer son règlement intérieur, ses statuts, ses prérogatives ainsi que tous les mécanismes de son fonctionnement. Il sera ensuite question de la mise en place d'un Parlement permanent dont les députés seront élus au niveau de leur pays, à l'instar de ce qui se fait en Europe. La Ligue arabe passera ainsi d'un fonctionnement du niveau exécutif vers le législatif. Ces trois décisions seront inscrites comme des dispositions juridiques dans la Charte. Y a-t-il d'autres décisions, à part celles annoncées ? Au cours de cette réunion, il a été décidé de faire participer la société civile aux réunions des ministres de l'Economie et des Affaires sociales et ce, selon les critères et les caractéristiques arrêtés. Nous avons aussi convenu de prendre en charge la résolution adoptée lors de la réunion au Yémen en 2004, concernant la stratégie générale sur la famille arabe et qui parle de tout ce qui concerne la femme, son développement, ses droits, sa contribution et sa participation dans les affaires générales. Cette résolution a été adoptée lors de la réunion des délégués permanents et a été retenue comme point à l'ordre du jour de ce sommet. Et les questions palestinienne et libanaise ? Oui, il y a également d'autres points dont la question palestinienne, la situation au Soudan, la Somalie, la question libanaise, la Syrie, la coopération arabo-africaine et le prochain sommet entre les pays arabes et ceux de l'Amérique du Sud en mai prochain. Concernant les points de divergence et qui n'ont pas fait objet de consensus, je citerai le document jordanien, l'initiative de Kadhafi, la nouvelle proposition palestinienne et le choix entre l'option “A” et “B” pour la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU. M. A. O.