Farid décroche le téléphone et forme un numéro. La sonnerie retentit trois fois, avant qu'une voix de femme ne réponde. -Allô ! Lamia ? -Allô ! Ah, c'est toi, Farid ! Alors là, si je m'attendais à ce que tu m'appelles ! -Et comment ! Tu vois bien que je t'appelle. Tu en doutais donc ? -Non. À vrai dire, je ne m'attendais pas à ce que tu m'appelles aujourd'hui même. -Tu n'apprécies donc pas mon coup de fil ? -Oh que si ! Si, si, bien sûr que je l'apprécie. Oh je suis vraiment confuse. Tu es tellement gentil. Tu m'appelles, et moi je te fais de vilaines remarques. -Elles ne sont pas aussi vilaines que ça. Remets donc tes préjugés à plus tard, et dis-moi quand est-ce qu'on pourra se revoir. -Déjà tu veux me revoir, Farid ? -Mais bien sûr. Tu y vois un inconvénient, toi ? -Non. Mais comme on vient à peine de se connaître... -Moi, j'ai l'impression de t'avoir toujours connue Lamia-Sara. -Tu te rappelles aussi de mes deux prénoms ? -Oh, arrête avec tes balivernes ! Ne trouves-tu pas ridicule d'oublier le prénom d'une fille, le jour même où on l'a connue ? -Mais... Lamia se racle la gorge avant de poursuivre : -Mais moi, je ne suis pas comme toutes les filles, je suis handicapée, je boite, et... -Chut. Chut. N'en dis pas plus. Pourquoi t'accables-tu ainsi de tous ces sobriquets ? Que tu sois handicapée, cela n'a aucune importance pour moi. Je comprends néanmoins que tu as dû bien souffrir de ton physique. Il faut que tu saches, Lamia, que l'aspect extérieur d'une personne n'est pas toujours l'essentiel. -Tu crois, Farid ? -Bien sûr, puisque je te le dis. Moi, en tous les cas, je te trouve adorable avec tes cheveux tout en boucles, tes beaux yeux et les fossettes qui creusent tes joues lorsque tu souris. -Tu as pu remarquer tout ça en l'espace de quelques heures ? -Oui. Et bien d'autres choses. Je vais remercier Mourad de t'avoir invitée à cet anniversaire, sinon je ne t'aurais jamais connue. Lamia garde le silence. Farid reprend : -Tu es toujours là, Lamia ? - Oui. Je suis là. - Pourquoi ne réponds-tu donc pas ? La jeune fille renifle et Farid s'exclame : -Tu pleures, Lamia ? N'obtenant aucune réponse, il poursuit d'une voix douce : -Arrête, je t'en prie, je n'aime pas les larmes. Et les tiennes me pèsent sur le cœur. Cesse donc de pleurer, je t'en supplie. Lamia lance d'une voix enrouée : -Tu touches en moi une corde sensible, Farid. Aucun homme ne m'a parlé de cette façon ma vie durant, et j'ai encore du mal à croire que quelqu'un pense à moi et me parle aussi gentiment. -Tu es aussi pessimiste que ça ? (À suivre) Y. H.