Le 50e anniversaire de la guerre de Libération a été célébré, hier à l'Université d'Oran Es-Senia L'évocation de l'historicité des péripéties pré et post-indépendance, marquée notamment par un grand nombre de réalités historiques, a retenu toute l'attention d'un aréopage de personnalités politiques, d'historiens, d'universitaires et de nombreux étudiants. Les étapes de la lutte armée, son organisation, son implication et son influence ont été au centre de cette conférence qui a permis à l'assistance de saisir la portée des axes centraux ayant mené aux accords d'Evian. D'abord sur le plan de la complexité des négociations, Rédha Malek a insisté sur les atermoiements de la partie française. “Depuis le début des négociations le 30 mars 1961, nous avons adopté un diptyque stratégique pour mener à bien les négociations : des interlocuteurs valables et poursuite de la lutte armée.” Considéré comme l'un des principaux artisans des accords d'Evian, Rédha Malek témoigne sur cette période particulièrement sensible de l'histoire de l'Algérie sous occupation française. “Toutes les tentatives de la partie française de ramener les négociations à une simple exigence de l'heure ont été vouées à l'échec.” Selon l'ex-Premier ministre, l'amorce de la politique dite de la paix des braves prônée par De Gaulle a échoué, malgré des signaux trompeurs appelant à la paix. Le délitement de la position officielle a provoqué l'émergence de divergences parmi les négociateurs français. “Nous avons eu des tractations secrètes avec Georges Pompidou à Luzerne et Neuchâtel. L'échec de ces contacts a buté sur le Sahara et la base navale de Mers El-Kébir. Notre intransigeance a dérouté les Français qui misaient sur l'automaticité de la nationalité française à un million de Français vivant en Algérie”, a indiqué Rédha Malek. Selon le conférencier, cet état de fait constituait déjà “un Etat dans l'Etat, un prolongement dans la vision de Maurice Thorez (PCF) qui considérait le brassage de 20 races en Algérie comme l'aboutissement d'une théorie de base”. Quant aux timides “prises de contact de Melun”, l'artisan des accords d'Evian insistera sur le caractère d'ouverture de De Gaulle qui annonça, dès janvier 1961, l'organisation d'un référendum pour engager des négociations officielles avec le GPRA. Rédha Malek, qui ne manquera pas de souligner l'âpreté des négociations, a affirmé que 30 milliards d'anciens francs ont été octroyés aux Français, représentant les frais d'indemnisation de un million d'hectares de terre. L'orateur évoquera également l'existence des camps de regroupement où étaient parqués plus de trois millions d'Algériens, une stratégie préconisée par l'armée française pour “isoler le peuple des moudjahidine et de la Révolution”, dira Rédha Malek. La plus grande déportation de l'histoire de l'humanité a eu pour cadre l'Algérie, un pays et un peuple souverains, attaqués par la France malgré l'existence d'un traité d'amitié liant les deux pays depuis trois siècles. B. G.