Le tribunal d'Alger donnera son verdict, aujourd'hui, sur l'affaire qui oppose notre caricaturiste, Ali Dilem, au ministère de la Défense nationale (MDN). Le procès, ouvert le 18 décembre dernier, a duré plus d'heure à la suite d'une plainte déposée par le MDN. L'objet de cette plainte porte sur une caricature réalisée par Dilem en guise de commémoration de l'anniversaire de l'assassinat du président Mohamed Boudiaf. Le dessin en question représentait un général en lunettes noires, appuyé sur une canne, lisant le programme de visite du défunt : “Le 16 janvier, il sera à Alger, le 2 mars à Oran, le 29 juin à Annaba et le 30 à… El-Alia.” Pressé d'expliciter son dessin, le caricaturiste de Liberté a répondu le 18 décembre 2002 : “Je n'ai rien à expliquer. Mon interprétation est là. Où est-ce que vous voyez que j'ai accusé l'armée d'avoir liquidé Boudiaf ? Ce sont des gens qui l'ont dit, son fils Nacer l'a dit, moi je suis un caricaturiste. Je prends des faits, des déclarations et je les commente à ma façon.” Devant les accusations du représentant du MDN qui voyait là “une campagne de dénigrement” de l'institution militaire, la défense a refusé que l'on mette l'artiste dans le même sac que les chantres du “Qui tue qui ?”. “Vous nous attaquez sans même savoir ce qu'est une caricature !”, a indiqué Me Bourayou. Le directeur de la publication, Abrous Outoudert, a également exprimé son avis, en remarquant que “c'est un acte républicain” de déposer plainte, mais aussi d'“honorer à chaque 16 janvier et chaque 29 juin la mémoire du défunt président Boudiaf”. L'avocat de Liberté est revenu à la charge en insistant sur le fait que “sans les dessins de Ali Dilem, on n'aurait pas pris conscience, d'une certaine manière, de l'horreur de la barbarie terroriste”. Ali Dilem, invité une fois de plus par le juge à s'exprimer, aura ces mots révélateurs : “Aujourd'hui, ce n'est pas mon dessin qu'on juge, c'est ce moyen d'expression qu'est la caricature.” Le ministère public a demandé des réparations : 40 000 DA d'amende contre notre caricaturiste et 140 millions de centimes contre le quotidien Liberté. Quel sera donc le verdict du tribunal ? Rappelons que Dilem aura à répondre à une seconde plainte. Cette affaire a été reportée au 15 mars prochain. H. A.