Un élan de solidarité d'une grande envergure de la population de la wilaya de Béjaïa est né depuis le 4 février dernier pour venir en aide à un malade, Samir Torchiat, de Sidi Aïch, atteint d'une cirrhose hépatique à un stade avancé. Le malade nécessite une greffe du foie à l'étranger pour un coût de 20 millions de dinars. Face au refus de la caisse d'assurance sociale de prendre en charge le malade, âgé de 42 ans et père d'une fille, la société s'est mobilisée pour réunir la somme nécessaire pour son opération. Un comité de solidarité, composé d'associations, de comités de quartiers et de villages, est mis sur pied pour une collecte d'argent. De Tazmalt jusqu'à Kherrata en passant par Sidi Aïch, El-Kseur et Béjaïa, des jeunes portant des gilets et munis de badges ont investi les axes routiers et les marchés pour se lancer dans la collecte d'argent. En outre, le comité a lancé un appel en ligne pour les âmes charitables et des lettres ont été adressées aux chefs d'entreprise pour d'éventuels dons. Selon Atmane Mazouz, membre de ce collectif de solidarité et secrétaire national à l'information au RCD, un hôpital français leur a fait un devis de 3 milliards de centimes et un autre de Turquie un devis avoisinant 2 milliards de centimes. "Nous privilégions celui de Turquie. Ça va de soi", nous a déclaré M. Mazouz. Selon ce dernier, le temps presse car le malade, selon son médecin, ne tiendra pas plus d'une année s'il ne rechute pas éventuellement. L'opération de collecte d'argent est lancée depuis le 6 février. Au premier jour, selon notre interlocuteur, les jeunes ont pu amasser 80 millions de centimes. Jeudi dernier, 244 millions de centimes avaient été réunis. Seulement, un problème surgit. La police interpelle des jeunes collecteurs. Il y a lieu de signaler que le comité a introduit une demande d'autorisation auprès de la wilaya mais elle a été refusée. "Les autorités jouent avec le feu. De nombreux jeunes sont mobilisés, malgré le froid, la neige et la pluie, pour sauver une vie et la police procède à des arrestations arbitraires. Pas seulement, ils se soignent ailleurs sur le dos du contribuable, mais ils refusent que la solidarité citoyenne se manifeste pour venir en aide à un nécessiteux. La collecte continuera malgré les menaces et les intimidations. Notre réponse, ils l'auront sur le terrain", nous déclare-t-il. Et d'ajouter : "Les interpellations des services de sécurité, qui pour certaines procèdent du zèle, n'entameront pas la détermination des citoyens qui se mobilisent chaque jour pour sauver une vie. Nous sommes en droit de protéger la santé de nos concitoyens face à la démission de l'Etat. Nous tirons cette conviction de la légalité de notre action qui est consacrée dans la Constitution à travers l'article 66 qui stipule : ‘Tous les citoyens ont droit à la protection de leur santé. L'Etat assure la prévention et la lutte contre les maladies épidémiques et endémiques. L'Etat veille à réunir les conditions de soins pour les personnes démunies'." L. OUBIRA