La normalisation avec Israël sera certainement au cœur des travaux du Sommet arabe qui s'ouvre aujourd'hui à Alger. Eludée au début des travaux préparatifs, la question est revenue sur la table, brutalement, avec la proposition jordanienne dont le mérite de la clarté est relevé, même si elle n'est pas partagée par tous. Encore que Amman n'a certainement pas pris l'initiative de réveiller ce sujet sans s'être concerté avec ses voisins. Au moins avec Le Caire qui, tout comme la capitale jordanienne, a rétabli ses relations diplomatiques avec Israël immédiatement après la poignée de main Sharon-Mahmoud Abbas à Charm el-Cheikh, en présence justement de Abdallah II et de Moubarak. Le projet de Abdallah, après avoir été conspué dans la presse arabe, est finalement repris dans une résolution qui se veut consensuelle mais qui, dans le fond, propose la réactivation du processus de normalisation israélo-arabe. Les chefs de la diplomatie arabe n'ont rien fait d'autre que de fondre la proposition jordanienne dans le plan de paix arabe adopté à Beyrouth (2002) et des propositions palestiniennes. De fait, il est demandé à Israël son retrait total des territoires arabes occupés, conformément au droit international et au principe de “la terre contre la paix”, fondé lors de la conférence qui a consacré les négociations entre Palestiniens et Israéliens à Madrid. En échange de quoi les pays arabes pourraient considérer que le conflit israélo-arabe a pris fin et développer des relations normales avec Israël dans le cadre de la paix globale. Néanmoins, cette résolution n'est pas appréhendée par tous de la même manière. Si les pays arabes qui ont déjà établi des relations diplomatiques avec Israël (Jordanie, Egypte, Mauritanie), ou envisagent de le faire (Emirats arabes unis et autres principautés du Golfe, Tunisie et Maroc), paraissent pressés de liquider la question, d'autres ne l'entendent toujours pas de cette oreille. Certains vont jusqu'à s'enfermer dans des positions plus extrêmes que celles dont se prévalent, aujourd'hui, les responsables palestiniens. L'histoire de la Ligue arabe en est, par ailleurs, jalonnée de bout en bout. Du reste, le vent de la surenchère a même soufflé chez des Palestiniens qui exigent le retour à la ligne de partage de 1949 ! Cela dit, le réalisme a finalement fini par l'emporter puisque le Sommet d'Alger devrait exiger, pour la poursuite de la normalisation arabo-israélienne, d'Israël son retrait des territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien et les terres encore occupées dans le sud du Liban, l'instauration d'un Etat palestinien souverain avec pour capitale El-Qods et une solution juste au problème des réfugiés palestiniens. La résolution “la terre contre la paix” n'entrant en vigueur qu'après la récupération des territoires arabes occupés. D. B.