Résumé : Leur bonheur aurait été complet si Salim et Leila avaient pu concevoir un enfant. Hélas, après des années de mariage et la consultation de plusieurs spécialistes, le couple désespérait de fonder une famille. Elle renifle et essuie ses larmes avant de répondre : -Je ne sais plus quoi faire, Salim. Je vais devenir folle à l'idée de vieillir et de mourir sans descendance. Nous ressemblons déjà à un vieux couple. Le silence résonne dans notre foyer, et nous nous livrons quotidiennement à une routine infernale qui s'éternise. Il lui essuie les larmes qui ruisselaient sur son visage. -Tout vient à point à qui sait attendre. ll faut s'armer de courage et attendre le bon vouloir de la providence. Nous ne pourrons pas faire autrement, Leila, qu'attendre et espérer. Si dans quelques années nous n'arrivons pas à concevoir un bébé, nous en adopterons. -Quoi ? Adopter ? Prendre un enfant conçu par un autre couple ? -Et alors, où est le mal ? Beaucoup de gens l'ont fait avant nous. Elle hausse les épaules. -Ce n'est pas ma conception. Je voulais plutôt voir le fruit de notre amour. Salim approuve. -Qui ne l'aimerait pas ? Leila se lève. -Je suis désolée, Salim. Je ne voulais pas en arriver là. Salim se tait. Leila ne voudra jamais se rendre à l'évidence. Les choses s'arrêtèrent là. Ils continuèrent cependant à consulter médecins, spécialistes et mêmes des charlatans. Leur désir d'avoir un enfant était bien plus fort que le reste. Un jour, la mère de Salim vint leur rendre visite. Elle passe un week-end chez eux et ne se prive pas de faire des remarques acerbes à sa belle-fille. Elle aussi rêvait de bercer les enfants de son fils cadet dans ses bras. Qu'attendent-ils donc ? Va-t-elle croire Salim qui, à chaque fois qu'elle l'interrogeait, ripostait qu'ils étaient encore jeunes et qu'ils avaient des projets. Les enfants, ce sera pour plus tard. Mais la vieille femme n'était pas dupe. Elle avait compris qu'on lui cachait des choses, et était décidée ce jour-là à aller jusqu'au bout pour tirer les vers du nez de Leila. Un peu confuse, cette dernière explique à sa belle-mère que toutes leurs tentatives pour avoir un enfant n'avaient abouti qu'à les décevoir davantage. L'héritier tant rêvé ne venait pas. Outrée par cette réplique inattendue, la vieille femme fronce les sourcils. -Comment ça, vous n'arrivez pas à concevoir un enfant ? Leila baisse les yeux. -Nous avons vu des médecins et consulté des spécialistes. Tous pensent que nous sommes aptes à procréer tous les deux. Et que c'est une question de temps. La nature finira par reprendre le dessus et... La vieille dame s'agite et la coupe : -Je ne vais tout de même pas croire ces balivernes ! Elle s'évente avec son mouchoir et poursuit : -Dans notre famille, nous ne connaissons pas la stérilité. Tu vois bien que les frères et sœurs de Salim ont tous des enfants. -Oui. Je ne sais quoi te dire, maman. Je sais que tu brûles d'envie de voir les enfants de Salim. C'est notre vœu le plus cher. La vieille femme secoue la tête. -Tu dois être la seule fautive dans cette affaire, Leila. Je ne vois pas d'autre explication à votre état de couple sans enfant. Choquée par l'accusation perçante de sa belle- mère, Leila sent sa gorge se nouer et le souffle lui manquer. (À suivre) Y. H.