Résumé : Farid certifie à sa femme qu'il y a encore quelques formalités à accomplir avant qu'ils ne puissent emménager dans leur nouvel appartement. Karima n'est pas dupe. Elle lui lance un défi. Farid la laisse partir et descend au rez-de-chaussée. Un coup d'œil circulaire, et le voilà rassuré. À cette heure-ci, la plupart des locataires sont soit chez eux en train de faire la sieste, soit à l'extérieur. Le couloir de l'immeuble était vide, et aucun bruit ne dérangeait la quiétude des lieux. Bon ! Voyons un peu. Il doit tout d'abord revoir Gamra pour récupérer les clés du véhicule comme prévu. À pas de loup, il se dirige vers la porte de cette dernière et donne un coup discret à la porte. Des voix de femmes lui parviennent de l'intérieur. Elle est sûrement en consultation, se dit-il. Sacrée Gamra ! Tous les chemins qui mènent vers l'argent sont bons, même au prix de l'arnaque. Il se met à rire. La porte s'entrouvrit, et une femme voilée sort de l'appartement. Gestes fébriles et yeux baissés, elle se faufile plus qu'elle ne marche vers le portail et sort. Gamra la suit du regard, avant de revenir vers Farid. -Ah ! tu es là, toi ! Entre donc. Farid secoue la tête. -Non, tu n'y penses pas... Quelqu'un pourrait nous repérer. Gamra sourit ironiquement. - C'est drôle. C'est toi qui as peur du qu'en dira-t-on ? Je ne te connaissais pas ainsi. - Non, mais franchement, Gamra, j'habite chez mes beaux-parents qui sont juste au-dessus de toi. - Hum... on s'assagit à ce que je constate. Elle glisse la main dans son corset. - Hénia est passée plus tôt que prévu. Voici les clés du véhicule. Il est garé juste en face, mais... Elle fait jouer ses doigts. - Tout à l'heure, à mon retour, tu auras ton dû, lui dit Farid en s'emparant des clefs. - Et pourquoi pas tout de suite ? - Non, pas tout de suite. Tout à l'heure, te dis-je. Tu peux compter sur moi. - Hénia repassera aux environs de 20h30. - Parfait, je serai de retour bien avant. Il quitte l'immeuble et regarde autour de lui, avant de monter dans le véhicule. Un coup d'œil au compteur lui signale qu'il était presque à sec. Hénia n'avait pas fait le plein, et il va falloir qu'il remédie tout de suite à cette lacune s'il ne veut pas tomber en panne sèche. Un quart d'heure plus tard, il roulait sur l'autoroute en toute quiétude. La journée était belle, un vent léger s'était levé. La radio diffusait des variétés, et Farid se sentait plus rassuré. Lamia-Sara, un prénom qui vaut son pesant d'or si on le mettait à côté du compte bancaire qu'elle possédait. Un ami rencontré lors de cet anniversaire où ils avaient fait connaissance lui avait certifié que ses parents, qui vivaient en France, lui envoyaient chaque fin de mois une bonne pension en devises. - Pourquoi n'est-elle pas avec eux ?, avait demandé Farid. - C'est une fille qui tient à sa liberté, elle est née à Paris. Mais depuis cet accident qui l'a handicapée à vie, cette ville évoque pour elle de lourdes souffrances. (À suivre) Y. H.