Le gouvernement n'est toujours pas acquis à l'idée qu'il faille élargir le dialogue social et la négociation aux syndicats autonomes qui sont autant, sinon plus représentatifs du monde du travail que la vieille Centrale syndicale UGTA. La prochaine réunion tripartite, prévue le 6 mars prochain, se tiendra sans les syndicats autonomes. À quelques jours de ce rendez-vous fortement attendu par le monde du travail et lors duquel seront abordés des dossiers aussi importants que le pacte économique et social, les syndicats autonomes représentatifs de plusieurs secteurs socioéconomiques n'ont toujours pas été conviés à y prendre part. Aussi, pour eux, cette attitude du gouvernement qui suit, de fait, la centrale syndicale UGTA, l'unique partenaire éligible à la tripartite, traduit une politique d'exclusion que rien ne justifie. Les syndicats autonomes ont dû ravaler le brin d'espoir suscité chez eux par les promesses du ministre du Travail, Mohamed El-Ghazi, qui les avait rassurés quant à leur association aux rounds de discussions et de négociations avec les pouvoirs publics. Ainsi, le coordinateur du Syndicat national autonome des travailleurs de l'enseignement secondaire (Snapest), Meziane Mériane, qui indique n'avoir pas été convié à la prochaine rencontre tripartite, ne se montre pas surpris : "Nous sommes habitués aux promesses sans lendemain. Ce n'est pas la première fois que nous entendons parler d'associer les syndicats autonomes, mais, malheureusement, jusqu'à présent, rien de concret." Il a rappelé, dans ce sens, la dernière promesse du ministre du Travail qui "a parlé de changement de méthode de travail, d'associer les partenaires sociaux à toutes les démarches", avant de constater que," jusqu'à maintenant, nous n'avons rien vu venir". Mais quelle attitude observera-t-il s'il est invité à la tripartite en qualité d'observateur ? Meziane Mériane ne tranche pas. "Cela va se discuter, s'il faut y aller ou pas. Mais, encore une fois, nous ne comprenons pas pourquoi nous reléguer au rang d'observateurs alors que nous devons être traités au titre de partenaires à part entière". En confiant également n'avoir pas été convié à cette réunion, le secrétaire général du Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (Cela), Achour Idir, qui, comme à son habitude, use d'un verbe tranchant, affirme que "cela signifie que l'ouverture du dialogue annoncé par le gouvernement, il y a un mois, n'est que mensonge", faisant remarquer que ce n'est que lorsqu'il y a une explosion sociale qu'il se rappelle les syndicats autonomes qu'il tente de manipuler pour qu'ils servent de pompiers. Il reprochera aussi au ministre du Travail de n'avoir pas tenu ses promesses : "Il a promis de nous donner l'avant-projet du code du travail, ce qui n'a pas été fait jusque-là. Il a promis que nous allions participer aux tripartites, ce n'est pas fait. Il est face à ses responsabilités." Le secrétaire général du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapest), Selim Oulha, indique, lui aussi, n'avoir pas été invité à la tripartite. "L'une de nos revendications essentielles, actuellement, est la participation aux différentes réunions tripartites, ce qui avait été promis, mais, jusqu'à présent, nous n'avons reçu aucune invitation de ce genre", a-t-il indiqué, soulignant la disponibilité de son syndicat à y prendre part, s'il est convié, à titre d'observateur. Pourtant, selon le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'enseignement et de la formation (Satef), Boualem Amoura, dénonce cette exclusion de la tripartite. "Toute forme d'exclusion mène à des réactions qui ne servent pas l'Algérie. Donc, nous disons basta à l'exclusion." Amar R.