Résumé : Après s'être rendu à l'évidence et avoir compris que son épouse ne plaisantait pas, Salim donne libre cours à son chagrin avant de se rendre chez sa mère. Cette dernière tente de le consoler. Il secoue la tête. -Je ne sais pas ce qui lui arrive. Son désir d'avoir un enfant la rend si vulnérable et si malheureuse que je ne sais plus comment me conduire avec elle. -Laisse-la donc partir, mon fils. Ce n'est pas les femmes qui manquent. Salim lance un regard plein d'amertume à sa mère. -Je ne veux pas d'une autre femme, maman. La seule femme que j'aime, c'est bien Leila. -Hum. Je vois. Tu souffres pour une femme qui ne te mérite pas, Salim. Une femme qui t'abandonne à ton sort et qui te rend malheureux. Salim déglutit. -Non. Quelque chose a dû se passer. Elle ne peut pas me quitter comme ça. -Et pourtant, elle l'a fait. -Je ne crois pas qu'elle ait fait une telle chose sans réfléchir. Nous nous entendions si bien. -Oui, mais vous êtes un couple stérile, et elle rêvait d'avoir un enfant. -Je le sais. Mais nous ne pouvons rien devant la volonté de Dieu. Les médecins que nous avons consultés nous ont assurés que nous sommes tous les deux aptes à procréer. La vieille femme secoue la tête. -Non, moi, je ne crois pas à ces sornettes. Dans notre famille, nous ne connaissons pas la stérilité. Comment expliques-tu le cas pour toi ? -Je n'explique rien. Je me rends à l'évidence, c'est tout. Brusquement, Salim se lève de sa chaise. -Mère. Que veux-tu insinuer ? Que Leila est stérile et qu'elle est la seule fautive dans ce qui nous arrive ? La vieille femme garde le silence un moment, puis lance : -Je ne sais pas si je devrais te faire un dessin pour que tu comprennes que le mal vient de ta femme. Salim fronce les sourcils. -Comment ? Il se rassoit et demande d'une voix tremblante : -Ce n'est pas toi par hasard qui a mis cette idée de fugue dans l'esprit de Leila, maman ? La vieille femme baisse ses yeux et répond d'une voix à peine audible : -Voyons, Salim, je ne l'aurais jamais poussée à faire une telle chose ! Elle aurait pu à la rigueur penser au divorce. -Au divorce ? Pourquoi parles-tu de divorce, mère ? Hein, pourquoi ? -Pour que tu puisses te remarier, pardi ! Te remarier et avoir des enfants. Salim se prend la tête entre les mains. -Ce n'est pas vrai, mon Dieu ! Tu n'as pas pu faire une telle chose, maman ! -Mais je n'ai rien fait de mal, mon fils. Je pensais à ton avenir et... -Mon avenir ? Mon avenir, tu l'as détruit, maman ! -Je ne voulais que ton bonheur. Salim se lève et prend une lente inspiration avant de lancer : -Ecoute-moi bien, maman, si Leila ne revient pas, tu ne me reverras plus jamais. Jamais ! Tu m'entends, maman ? (À suivre) Y. H.