Le manque à gagner est estimé à 2 000 milliards de dollars en termes de revenus fiscaux et d'investissements non concrétisés. La tendance baissière des cours du brut, amorcée en juin 2014, a fait perdre énormément d'argent aux pays pétroliers dont l'Algérie. Mohammed Sanusi Barkindo, le secrétaire général de l'Opep, donne un ordre de grandeur de l'impact des marchés : le manque à gagner engendré par l'effondrement des prix de l'or noir, entre juin 2014 et décembre 2016, est de "2 000 milliards de dollars". Effarant ! Et de détailler : les pertes sont de "1 000 milliards de dollars en matière d'investissements non matérialisés ou annulés et de 1 000 autres milliards de dollars en termes de revenus fiscaux" pour les pays membres de l'organisation. Toutes proportions gardées, gros producteurs et petits producteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Car, plus la production est élevée, plus les pertes sont importantes. Les revenus pétroliers de l'Algérie, par exemple, sont tombés à 35,72 milliards de dollars en 2015, contre 60,3 milliards en 2014. Ils seront moins de 30 milliards de dollars en 2016. Cependant une question : la situation actuelle des Etats pétroliers est-elle inéluctable ? Barkindo se montre confiant quant à la reprise des marchés. Son optimisme est motivé, entre autres, par le fait que le marché affiche de bons indicateurs de croissance. Selon un rapport de Wood Mackenzie publié en janvier 2017, les investissements dans le secteur pétroliers afficheront les premiers signes d'accroissement depuis 2014. Il s'agira d'une augmentation de 3% des dépenses liées à l'exploration et à la production ; ce qui portera les investissements totaux à 450 milliards de dollars. Cela paraît, toutefois, insuffisant pour revigorer le marché. Et le secrétaire général de l'Opep le sait. Aussi, il a invité à plus d'investissements les pays producteurs qui ont souffert de la crise et qui, pour la plupart, ont démarré des programmes de diversification économique. Les investissements dans l'industrie pétrolière et gazière ne compromettront pas l'objectif de diversification, a-t-il jugé. De la même manière, il a estimé qu'il faut prêter attention à l'évolution du marché, en continuant à respecter les engagements pris dans le cadre de l'accord signé fin 2016 entre pays Opep et l'arrangement trouvé entre ces derniers et les non-Opep. Mohammed Barkindo, secrétaire général de l'organisation des pays exportateurs de pétrole, soulignait, il y a quelques jours, que la baisse de la production serait encore "accentuée". Il faisait référence aux accords en question, assurant qu'à la mi-février, ces accords étaient respectés à "90%". Barkindo n'a, cependant, pas dit mot sur l'attitude de certains pays hors Opep qui ne semblent pas avoir honoré leurs promesses. Ainsi, par exemple, la Russie affirme ne pas être en mesure d'opérer une diminution aussi majeure dans sa production d'un seul coup. Moscou veut procéder par palier : moins 50 000 barils par jour en janvier 2017, moins 200 000 barils par jour en mars et enfin parvenir à moins de 300 000 barils par jour en mai prochain. Pendant ce temps, les cours du pétrole continuent leur légère remontée. Hier, en cours d'échanges européens, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, valait 56,79 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 28 cents par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat d'avril gagnait 19 cents, à 54,20 dollars. Youcef Salami