Résumé : Farid se remémore sa journée. Lamia avait cru au coup du portefeuille, et Karima lui avait dévoilé sa petite fortune. Il peut d'ores et déjà faire quelques projets lucratifs. Son épouse le tire de ses méditations. Elle secoue la tête et sourit. - Tu es tellement plongé dans tes méditations, qu'on aurait juré que tu as coulé dans un bateau. Farid lève des yeux langoureux vers elle. - Un bateau ! Non. C'est plutôt toi qui as fait couler mon cœur. Karima vient se blottir contre lui. - C'est vrai ? Tu tiens encore à moi, Farid ? - Mais bien sûr que je tiens à toi, ma chérie. Tu en doutais ? - Non. Mais parfois quand je ne te vois pas des jours durant, quand tu ne donnes plus signe de vie, quand tu ne t'occupes plus ni de la petite ni de moi, j'ai vraiment tendance à croire que tu ne m'aimes plus. - Des sornettes tout ça ! Dis-toi bien que si c'était le cas, je n'hésiterais pas à te quitter. - Oui, je sais, et c'est ce que tu allais faire ce soir. Farid sourit. - Et si j'étais réellement parti, qu'aurais-tu fait ? - Je ne sais pas. Mais ce qui est certain, c'est que je ne serais pas restée plus longtemps chez mes parents. Il prend un air étonné. -Ah ! J'apprends des choses ce soir. Tu aurais vraiment eu le courage de quitter cette maison et tes parents ? -Oui. Je sais que c'est eux qui sont fautifs dans ce qui nous arrive. -Ah ! Tu vois donc que je ne suis pas le seul coupable dans tout ça ! Elle lui caresse la joue. -Farid, je t'aime tant, que je ferai n'importe quoi pour te voir heureux. Si tu me quittes, je vais sombrer dans la folie. -Mais non, mais non ! Pourquoi dis-tu cela, ma chérie. Moi aussi je t'aime. Tu vois bien que c'est à cause de toi et de Feriel que je bois tous les jours le calice jusqu'à la lie. Il se penche vers elle et l'embrasse sur le front. - Certes, j'étais prêt à quitter les lieux ce soir. Mais tes larmes m'en ont dissuadé. Le soleil dardait ses rayons quand Farid consentit enfin à ouvrir les yeux. Il jette un coup d'œil au réveil-matin posé sur la table de nuit et constate que la journée était bien avancée. Karima était partie, et il entendit Feriel jouer dans le hall. Il s'étire et paresse un moment encore puis se lève. Il ouvre l'armoire et prend un pantalon et un pull. Au passage, il frôle de sa main la mallette qui contenait les bijoux de Karima. Il n'hésite plus et l'ouvre. Il retire tout d'abord le carnet d'épargne et le parcourt : 200 000 DA ! Puis il revient vers les bijoux. Il y avait deux chaînes en or, une paire de boucles d'oreilles, deux bagues et un bracelet. "Hum. Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud. Je vais voir comment écouler ces merveilles. Gamra, peut-être, à condition qu'elle garde sa langue dans sa bouche." Par contre, pour l'argent épargné, il n'aura qu'à charger Karima de faire un retrait intégral. Il soupire d'aise. Si cela continue, il pourra facilement s'installer à son compte comme il l'a toujours souhaité. Se lancera-t-il dans l'immobilier ? Il repense à Lamia, qui semblait prête à lui prêter main-forte dès leur première rencontre la veille. Farid s'habille et sort de sa chambre. Feriel accourt vers lui et le tire par la manche. Il la prend dans ses bras et lui mordille le bout de l'oreille. - Petite chipie. Que fais-tu donc seule dans ce grand couloir. - Je joue avec Koukla. Il a mangé et s'est sali. Regarde ! Elle lui tend innocemment la peluche dont le museau retenait encore quelques miettes de biscuit. - Koukla n'a pas faim. Laisse-le donc tranquille. - D'accord papa, à condition qu'on joue ensemble. - Non, pas maintenant, ma chérie. Ce soir, quand maman reviendra de l'école, je t'emmènerai manger des glaces. - Miam ! Des glaces ! Tu entends Koukla, nous irons manger des glaces. Mais si tu n'es pas sage, je ne t'y emmènerai pas. (À suivre) Y. H.