Résumé : Une scène éclate entre Farid et son beau-père. Ce dernier lui fait le reproche d'abuser sans scrupule de leur générosité. Farid se lève et s'apprête à quitter les lieux. Son épouse le retient et lui propose tous ses biens afin de régler leur situation. Karima se lève et prend une mallette dans son armoire. - Tiens ! Prends tout. Vends mes bijoux. Il y a aussi mon carnet d'épargne. J'y ai environ 400 000 DA, plus les intérêts. Cela suffira-t-il pour honorer ces mensualités dont tu parles ? Sinon, si cela ne suffit pas, je suis prête à me prostituer. Elle avait lancé la dernière phrase d'une voix enragée, et son visage inondé de larmes inspirait la pitié. Farid, qui ne s'attendait pas à ce que sa femme lui dévoile sa fortune, sera surpris de la voir, à ce point, prête à tout pour lui. Les femmes, c'est une calamité certes, mais, quand elles veulent garder un homme, elles sont prêtes à tout. Karima l'aime. Et il peut faire d'elle ce qu'il voudra. Il se saisit de la mallette et jette un coup d'œil aux bijoux. Leur vente va lui rapporter un autre pactole. Il savait que sa femme avait quelques économies, mais n'avait jamais espéré y avoir accès un jour aussi facilement. "Bien joué, se dit-il, on dirait que le ciel est avec moi." Il s'approche de Karima qui sanglotait sur son lit, et la prend dans ses bras. Elle se laisse aller, et il se met à lui essuyer le visage avec le pan d'un drap. - C'est fini, ma chérie. Quelles que soient les circonstances, je reste avec toi. Je ne te quitterai plus. Cesse donc de pleurer. - Tu ne vas pas partir, Farid ? - Mais non, je ne pars pas, ma chérie. - Ne m'abandonne pas, Farid, je t'aime tant. - Je t'aime moi aussi, ma chérie. Elle se redresse et se mouche bruyamment. - C'est vrai ? Tu ne vas pas me quitter ? - Puisque je te le dis. Allez, va chercher Feriel. Je veux qu'on sorte tous les trois ce soir. - Non ! Karima porte une main à son visage boursoufflé. - Non, pas ce soir. Je suis trop bouleversée. - Ramasse donc tout ça. Farid fait signe à la mallette et au carnet. - Je ne veux pas avoir recours à tes bijoux et à tes économies pour payer mes dettes. Je veux qu'on se retrouve, Karima. Je veux revivre le bon vieux temps. Tu te rappelles les débuts de notre mariage ? Karima pleurait doucement. Elle renifle et regarde son mari dans les yeux. - Nous étions tellement heureux. Pourquoi fallait-il à ce qu'on arrive à ce point, ce soir ? Tu vois ! Je n'aimerais pas me brouiller avec mes parents, mais pour toi je suis prête à tout. - Tout ça, c'est ton père ! Il me joue sur les nerfs, ce vieillard. Une langue de vipère et un regard de crapaud, quand ce n'est pas ta sorcière de mère qui fait des siennes, et pourtant Dieu seul sait si je ne les considère pas comme mes propres parents. (À suivre) Y. H.