C'est au niveau des investissements directs étrangers (IDE) que la situation est la plus préoccupante. La conviction du Femise est qu'un changement d'échelle du partenariat reste indispensable. ”L'orsque le processus de Barcelone a été initié, les partenaires méditerranéens de l'UE (PM) se situaient légèrement au-dessus de la tranche inférieure des pays à revenu intermédiaire, exception faite d'Israël qui avait un revenu par tête proche des pays à hauts revenus. Cette position a peu évolué, puisque, en fin de période, les PM se situent toujours en dessous de la moyenne des pays à revenu intermédiaire.” C'est ce que relève un rapport du Forum euro-méditerranéen des instituts économiques (Femise). Le document souligne que “si l'on compare l'évolution de cet indicateur, qui synthétise tous les enjeux en cause, à l'Europe des 15 et aux nouveaux Etats membres (NMS), on ne peut que constater un processus de divergence qui s'est régulièrement accru depuis le début des années 1980”. Et manifestement, pour le Femise, le processus de Barcelone n'a pas pu contribuer à modifier ce mouvement. Le pari était que l'effet dynamisant allait jouer, les plus optimistes pensant, d'une part, que le choc de la concurrence allait pousser les PM à se mettre à niveau et stimulerait les réformes, d'autre part, que l'intégration Sud-Sud allait être une conséquence naturelle de l'ouverture entre le Nord et le Sud, enfin, que le “contrat” passé avec l'UE et la crédibilité qui y était attachée allaient favoriser les investissements étrangers. De ces trois points de vue, le résultat a été contrasté. C'est au niveau des investissements directs étrangers (IDE) que la situation est la plus préoccupante, pense le Femise. “C'est sur ce point que le pari fait par le partenariat de Barcelone peut être le plus contesté”, lit-on dans le document. Sur la période, les PM ont reçu un total d'investissements étrangers guère supérieur à la seule Pologne, nous dit-on. Ce déficit, qui n'a pas permis un effet sensible en termes d'accumulation de capitaux et d'augmentation de la productivité, est “certainement” dû, selon le rapport, à trois facteurs liés entre eux. Le document parle de l'existence d'un marché intérieur insuffisant, ce qui milite pour une intégration sous-régionale rapide, un ancrage externe trop faible avec l'UE et trop centré sur les évolutions tarifaires, une insuffisance manifeste dans l'avancée des réformes législatives réglementaires et institutionnelles qui ne donnent pas aujourd'hui un cadre aux affaires satisfaisant. Après avoir franchi la barre des 12 milliards de dollars en 2001, les flux d'investissements directs à destination des PM ont chuté à 6,2 milliards de dollars en 2002, pour remonter à près de 9 milliards de dollars en 2003. Cependant, cette progression a été essentiellement due à l'accroissement des IDE vers Israël. En son temps, nous dit le rapport, le Femise avait déjà attiré l'attention sur le risque de se limiter aux seuls produits industriels et de faire évoluer le dispositif antérieur vers un démantèlement des protections des PM, l'UE étant déjà dans une situation d'ouverture de son marché aux exportations industrielles des PM (ce qui constituait clairement une évolution à avantages comparatifs inversés). Ce risque est devenu d'autant plus patent que la libéralisation agricole a peu évolué, alors que l'UE a développé un arsenal de normes qui ont rendu l'accès à son marché plus difficile. Selon le Femise, cela implique un véritable effort d'assistance technique en faveur des PM pour améliorer la maîtrise de ces barrières. “De ce point de vue, la création d'une agence méditerranéenne de certification des normes serait une initiative utile pour faciliter l'accès au marché européen et aux marchés des PM, qui commencent, eux-mêmes, à utiliser les mêmes types de réglementation”, propose le Femise. Même sur le plan des résultats économiques, “le partenariat n'a pas atteint ses objectifs”, soutient par ailleurs le Femise. Si les PM ont fait des progrès constants dans la gestion macroéconomique, ce qui, contrairement à d'autres régions, leur a permis d'éviter les crises, ils n'ont pu, cependant, impulser une dynamique suffisante. “Tous les indicateurs montrent donc que l'équilibre, atteint aujourd'hui dans la région, est insuffisant et que s'en contenter l'exposerait à d'importants bouleversements”, note-t-on. La conviction du Femise est qu'un changement d'échelle du partenariat reste indispensable. M. R.