L'indignation est forte depuis hier à l'Inesm et les condamnations se multiplient de la part de proches d'étudiants qui craignent pour l'intégrité physique des grévistes. Plus de 24 heures après l'entame de leur grève de la faim, deux étudiantes en médecine dentaire ont été prises de malaise, hier matin, au niveau de l'Inesm, avons-nous appris auprès de leurs camarades. Alors que l'accès au campus nous a été interdit par des agents de sécurité zélés, alors que nous devions recueillir les déclarations des responsables, la presse étant désormais "persona non grata", l'ambulance du Samu se verra aussi interdire l'accès "faute d'autorisation". Pourtant, les ambulanciers avaient été appelés en urgence pour porter secours aux deux grévistes de la faim, victimes de malaise. Il aura fallu attendre plus d'une heure pour que les médecins et le Samu puissent se rendre au chevet des 18 grévistes et évacuer l'une d'entre elles. Déjà, dans la nuit, la décision de la direction de l'Inesm de couper l'électricité, l'eau et de fermer les sanitaires avait provoqué un tollé chez les étudiants en arrêt des cours depuis trois mois. "C'est grave de la part de l'administration, cela relève de la non-assistance à personne en danger", dira une jeune étudiante émue par le sort de ses camarades. Des délégués expliquent encore que dans la nuit de mardi, la situation a été très dure pour les grévistes installés dans les locaux de l'Inesm. "Nos camarades ont passé une nuit très difficile, dans le froid, sans électricité ni sanitaires. En plus, ils ont subi des pressions et des intimidations de la part des agents de sécurité". Et de raconter les tentatives d'intimidation et les menaces qui ont émaillé cette nuit. L'indignation est forte depuis hier à l'Inesm et les condamnations se multiplient de la part de proches d'étudiants qui craignent pour l'intégrité physique des grévistes, mais également de la part de la Laddh, version Salah Dabouz, qui a rendu public un communiqué. Pour autant, les étudiants de médecine dentaire n'entendent pas renoncer à leurs actions et en appellent à la solidarité et aux plus hautes instances du pays pour apporter des réponses concrètes à leurs revendications et éviter que le pire ne survienne. À quelques kilomètres de là, la même indignation et presque le désespoir s'est fait ressentir parmi les étudiants de l'Institut de maintenance et de sécurité industrielle (ex-IAP), dont 10 d'entre eux observent également une grève de la faim. Hier matin, les étudiants s'affairaient et entouraient leurs camarades qui ont passé la nuit dehors en grève de la faim, à quelques mètres du siège de la wilaya. N'ayant que des cartons et quelques couvertures pour se protéger du froid, leurs visages sont déjà marqués par la faiblesse et les affres d'une nuit passée à la belle étoile. Pourtant, là encore, les étudiants de l'ex-IAP en sont à presque trois mois d'arrêt de cours sans voir venir de solution. "Nous avons demandé à être reçus par le Premier ministre, on nous a frappés et chassés lors de notre rassemblement à Alger, ils n'ont que du mépris pour nous et ne savent que nous réprimer", explique avec colère un étudiant. D'autres jeunes étudiantes s'approchent et s'interrogent sur ce déchaînement de violence, dénonçant la "hogra". Et de réitérer leur volonté à poursuivre leurs études dans la dignité : "Nous voulons justement étudier dignement, avoir de bons diplômes pour travailler après." Puis ils mettent en garde contre les conséquences de ce qui va suivre. Pour ces étudiantes, entre autres, venues des 4 coins du pays pour étudier à l'Institut de maintenance et de sécurité industrielle, cette journée du 8 Mars n'a aucune signification. "Souhaitez-nous une bonne grève et une issue heureuse pour les étudiants", lâcheront-elles en guise de bons vœux. D. LOUKIL