Quelque 36 adeptes de la secte religieuse El-Ahmadiyya, arrêtés par la gendarmerie de Béjaïa, dans le courant de cette semaine, ont été présentés, hier, devant le parquet d'Akbou pour plusieurs chefs d'inculpation, dont "constitution d'un groupe religieux prohibé" et "création d'un lieu de culte sans autorisation". Parmi les mis en cause figurent trois femmes et un jeune homme, issus d'une même famille, originaires de la daïra de Timezrit (Béjaïa), alors que les autres inculpés sont natifs de plusieurs communes de la région, notamment d'Ouzellaguen, de Seddouk, de Sidi Aïch, de Tichy, de Kherrata et de Béjaïa. Leur arrestation, rappelons-le, est intervenue au lendemain du démantèlement, vendredi 10 mars dernier, à Seddouk, d'une cellule appartenant à ce mouvement sectaire, dirigée par un certain Hocine A., qui a transformé son garage en un lieu de culte "illégal". Ce dernier, un ancien commerçant de son état, s'est autoproclamé chef spirituel de cette cellule qui aurait des liens avec d'autres groupes religieux de même rite, grâce à des sites Internet, notamment les réseaux sociaux, mais aussi via la chaîne de télévision islamique Muslim Television Ahmadiyya (MTA), basée à Londres et spécialisée dans la propagande religieuse. À noter que les 36 partisans de l'ahmadisme arrêtés par la gendarmerie de Béjaïa ont été déférés, hier, devant le procureur de la République près le tribunal d'Akbou, avant de comparaître devant le juge d'instruction de la même juridiction. La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh), par le biais de son vice-président, Saïd Salhi, a rendu public, hier, un communiqué à travers lequel, elle tient à "dénoncer l'attitude du parquet d'Akbou" qui a refusé la présence aux auditions de ses deux avocats, Mes Sofiane Ikken et Yasser Belamri, engagés pour la défense des mis en cause. "Le parquet refuse la présence de nos deux avocats aux auditions, ce qui constitue une atteinte flagrante aux normes d'un procès équitable. Nous interpellons les autorités judiciaires locales quant au respect du code des procédures pénales qui garantit les droits des prévenus à un procès équitable", lit-on sur le communiqué de la Laddh, diffusé, hier, par M. Salhi, sur sa page facebook. Ce dernier refuse de parler de "secte", lui préférant plutôt le mot "communauté religieuse ahmadite". Selon lui, la Laddh considère que "la persécution de la communauté ahmadite en Algérie, dont 200 personnes sont déjà poursuivies en justice et 25 autres se trouvent en détention, est une violation des droits de culte et de conscience". À ce titre, la Laddh appelle au respect des lois et conventions internationales ratifiées par l'Algérie, dont la constitution et le pacte international relatif aux droits civils et politiques. "La Laddh et l'Observatoire algérien des procès (OAP) se mobilisent désormais pour la défense et l'accompagnement des prévenus pour leur assurer un procès équitable et exiger le respect des droits de l'Homme, tels que garantis par les textes de lois nationales et internationales", affirmera, en outre, M. Salhi. De leur côté, les deux avocats de la défense, qui ont finalement assisté aux auditions menées par le juge instructeur, ont plaidé bénévolement en faveur de l'innocence de ces "fidèles" au rite ahmadite, a souligné M. Salhi. Finalement, les 36 mis en cause ont été placés sous contrôle judiciaire par le juge instructeur. Une issue considérée par M. Salhi comme "une victoire". KAMAL OUHNIA